Mort, ténèbres, chagrin, deuil, déprime … le noir, la non couleur, le néant … un gouffre effrayant qui avale et affole. En 1946, la galerie Maeght défraie la chronique avec l’exposition Le Noir est une couleur qui aborde la manière dont une vingtaine artistes s’emparent du noir. Aujourd’hui, c’est le Louvre Lens qui inaugure Soleils noirs.
Une exposition qui se propose d’explorer comment, au travers de 180 œuvres pluridisciplinaires et étalées sur plusieurs périodes clés de l’Histoire de l’art, les créateurs occidentaux abordent cette couleur ô combien symbolique, comment ils jouent de cette tonalité complexe et difficile à traiter. Nuit, foi, mystère, angoisse, austérité … poésie, élégance, séduction, modernité … industrie ?
Le parcours de Soleils noirs aboutit forcément au charbon, dont on a découvert la première veine française il y a 300 ans, avant d’en faire le matériau phare du territoire du Nord. Il interroge également la manière dont les artistes du XXeme siècle ont progressivement interrogé cette couleur pour ce qu’elle est et n’est pas.
Une énigme de création, qui constitue l’étoffe même de certaines œuvres, dans une radicalité esthétique notable, presque militante, fortement innovante, audacieuse. Contradictoire également, car le noir appelle la lumière comme une compensation, un équilibre savant, un défi pour chaque artiste qui en joue à sa manière avec hardiesse.
On appréciera le travail d’analyse et de sélection opéré par les commissaires Marie Lavandier, Juliette Guépratte et Luc Piralla, la manière dont ils mettent les œuvres en regard, les thèmes abordés. On notera par ailleurs que l’exposition Soleils noirs, initialement prévue pour Mars 2020, empêchée par le confinement, est l’une des premières à ouvrir ses portes au public après cette sombre période de cloisonnement. Une belle revanche.
Et plus si affinités