Nouveau fleuron à inscrire au palmarès des séries TV sud-américaines, El Presidente déboule sur Amazon Prime Video pour nous conter les dessous du Fifagate à la sauce chilienne. Et cela vaut son pesant d’empenadas.
Todo pasa
Il faut huit épisodes à Armando Bo et sa cohorte de scénaristes et réalisateurs pour démonter rouage après rouage la mécanique bien huilée de la corruption footballistique, telle qu’elle sévissait dans les années 2000, avant que le FBI ne fasse place nette. Place nette, cela reste à voir car pareil système mafieux, cela ne se balaie pas d’un souffle.
«Todo pasa» prétend pourtant Julio Grondona, président de l’association du football argentin et vice-président de la Fifa. Une maxime pour le moins ironique que le sage enseigne à son protégé, le jeune mais néanmoins très ambitieux Sergio Jadue, tout juste promu leader du football chilien sur un malentendu. Et dont les dents de requin défrichent les pelouses des stades, tandis qu’il lorgne les sommets.
Footeux tous pourris ?
Quitte à y laisser son âme, sa famille, sa probité, car ce milieu n’a pas de scrupule, les pots-de vin y sont la norme, la corruption un art de vivre. Et ce candide sans l’être va vite l’apprendre, tandis que son parrain l’observe gravir les échelons depuis le paradis, s’imposer parmi les autres pontes du ballon rond, engranger l’argent sale, ramener son pays au centre de l’attention.
Footeux tous pourris ? Il semblerait, et avec un cynisme assumé. Car ces éminences grises n’ont qu’un but : faire cracher les fans au bassinet en exploitant leur folie sans vergogne. Le foot est l’opium du peuple ! Et il rapporte autant. Narcos bis. Exit donc les exploits des joueurs, la gloire des héros sur le terrain. Armando Bo et sa team évacuent le sport proprement dit pour se concentrer sur le business.
Leçon de marketing
Cela nous vaut une véritable leçon de marketing, qui ne tait rien des coups bas et des horreurs liées à ce juteux marché planétaire. La narration sent son Scorcese, son Tarantino, son Soderberg, dans ce récit ultra réaliste où la folie douce s’invite de temps à autre, comme pour poivrer une réalité sordide. Des héros modernes qui conquièrent la fortune avec plus ou moins de maestria et finissent par se casser la gueule.
Pour que d’autres prennent leur place, et recommencent le même cirque. Et les sentiments dans tout ça ? Ils fondent comme neige sous un soleil de fric facile. On appréciera du reste l’interprétation des acteurs, Andres Parra en tête, qui restituent parfaitement cette lente perte des repères dans un univers de paillettes et de flonflons où on se torche avec les valeurs initiales du sport.
En conclusion ? Regardez ce petit bijou aussi sarcastique que prenant, dont la BO vous ravira autant que le rythme et les délires digressifs. Pas dit que votre amour du foot en ressorte intact, mais ça vaut le coup.
Et plus si affinités