Un gamin ferait ça, on l’engueulerait immédiatement pour l’enfermer ensuite dans sa chambre, privé de ce qui lui reste de dessert. Ce dont il n’aurait rien à faire, recommençant immédiatement ses facéties en détournant toutes les fournitures sur son bureau, dans ses tiroirs, ses placards … Mais Jan Hakon Eriksen n’est plus un enfant.
Cet artiste norvégien au profil d’inventeur fou met un point d’honneur à détourner les objets quotidiens qui l’entourent comme le ferait un gosse désireux d’investir son environnement pour mieux le comprendre puis le façonner à sa fantaisie, comme pour en dévoiler l’absurdité. Quitte à se mettre en danger. À nous faire rire au passage. Et réfléchir.
Parmi les faits d’armes de ce touche-à-tout, on note une envie irrépressible de s’enrouler de toutes les manières possibles dans du scotch, le besoin viscéral d’exploser des ballons avec tous les couteaux de la cuisine, de disloquer le stock de spaghetti sur un coup de tête. Mais jamais de manière désordonnée.
Chaque performance est organisée, impliquant une installation minutieuse, une mécanique faite de bric et de broc, qui évolue entre la cabane en bois et le rafistolage de chantier, la pyramide de chaises pliantes et le casque à cutters. Victimes de ces expérimentations, ballons, fruits, pâtes, chips, confettis répandus, disloquées méthodiquement.
Nihiliste ?Ubuesque ? Totalement dada ? Les vidéos de Jan Hakon Eriksen, notamment la série des « Destruction diaries » ont en tout cas l’heur d’interpeller en faisant rire. Un effet satisfaisant qui calme les méninges, une aura dérangeante sur la manière dont nous usons des objets comme de réceptacles pour notre mal-être. Frustration, manque d’empathie, bienvenue dans ces contes de la folie destructrice ordinaire.
Et plus si affinités