Vu qu’on est reparti pour un mois de confinement (et plus si affinités) et que le moral nous a dégouliné dans les charentaises, je vous propose un repli cérébral stratégique dans la seule zone qui échappe encore à peu près à l’hécatombe à savoir l’humour. Et pour ce faire, un zozo excelle depuis la fin du XIXeme siècle, j’ai nommé Feydeau. Feydeau qui revient en boucle dans nos colonnes, et vous allez croire que je ne connais que ce dramaturge, si c’est pas malheureux pour une nana qui a fait des études de théâtre …Ce à quoi je répondrai que Feydeau demeure l’un des seuls à me faire marrer comme une baleine sous acide avec ses conneries qui ne sont pas si débiles que ça. Le monsieur avait quand même un don certain pour croquer la société parisienne et ses travers, notamment en mettant le nez dans les histoires d’alcôve des ces messieurs dames de la haute société. Une dame justement retient aujourd’hui mon attention : La dame de chez Maxim.
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Gueule de bois et Môme Crevette
Créée en 1899 , cette comédie nous raconte comment le docteur Petypon, éminent médecin marié à une bigote, se réveille un matin avec une gueule de bois carabinée pour trouver dans son lit … la Môme Crevette. La Môme crevette, célèbre danseuse de cancan et fille facile de son état, ramenée par le médecin complètement ivre après une nuit de fiesta drivée par Mongicourt, meilleur ami de Petypon et noceur assermenté.Et bien évidemment, qui déboule ? L’oncle de Petybon, général fort en gueule, qui prend Miss Crevette pour l’épouse de son neveu. Et invite le couple pour cornaquer le mariage de sa nièce Clémentine oie blanche tout juste sortie du couvent pour convoler en justes noces avec le lieutenant Corignon … un ex de la Crevette ! Mais oui mais oui ! Crevette qui va bien évidemment débouler en Touraine pour jouer les hôtesses de maison et recevoir la bonne société du patelin.
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Deux heures de folie
Histoire de se marrer et de se venger de son ancien amant. Ce qui va occasionner son lot de quiproquos, de rebondissements, de sueurs froides pour Petybon contraint de jouer le jeu s’il veut hériter de cet oncle ombrageux, tout en escamotant son illuminée d’épouse qui voit des anges partout. Bref, c’est pas simple, surtout qu’il faut ajouter à l’équation un siège chirurgical hypnotique, un jeune noble amoureux, l’éducation sexuelle express d’une ingénue un peu coconne … et la mise en scène de Zabou Breitman. Résultat : deux heures de folie, avec inversion des genres, décors somptueux, le plein de beaux costumes et des acteurs qui se régalent avec ce texte délirant, notamment Léa Drucker en Môme Crevette énergique qui prend les choses en main (au propre et au figuré) et Micha Lescot totalement génial en Petypon dépassé par les événements et qui rame pour ne pas sombrer. Pas une seule rupture de rythme dans cette sarabande frénétique, qui devrait vous faire un bien fou aux méninges.
A consommer sans modération !
Et plus si affinités
https://www.france.tv/france-5/au-theatre-chez-soi/1532727-la-dame-de-chez-maxim.html