Il vient tout juste de sortir : Tako Tsubo complète Matahari et la longue série de singles/EP inscrits sur le tableau de chasse de L’Impératrice. 13 tracks full pop and funk, un long lamento electro dans lequel le sextuor conte par le menu les délices du très nippon « syndrome des cœurs brisés » à la mode millennial.
La déprime sublimée en art de survivre ?
Une manière faussement nonchalante d’exprimer le blues moderne d’une génération qui ne sacrifie plus rien à ses névroses érigées en singularités : « Tout est plus facile quand on devient fou », « c’est joli quand c’est flou ». Deux, trois punchlines bien senties parmi d’autres, avec des titres qui respirent la déprime sublimée en art de survivre : « Anomalie bleue », « Hématome », « tant d’amour perdu » …
Les normes ne peuvent survivre.
Éloge de la différence assumée à l’heure des grandes épidémies qui nous séparent, affirmation de soi sur le velours ronronnant d’une disco rehaussée de lyrics évoquant la complexité des êtres et de leurs passions brisées. Après tout, la vie est si courte, les normes ne peuvent survivre. « Fou » est clair sur ce point : tant qu’à être dingue, autant l’affirmer clairement, en force, en rythme, avec des sonorités dansantes.
Mettre le chagrin à distance
C’est léger, drôle, parfois cruel, comme une volonté de mettre le chagrin à distance, de refuser les dommages collatéraux d’une émotion trop puissante pour qu’on y résiste. La douleur d’être soi devient fierté, tandis que de sa petite voie d’ingénue, la chanteuse Flore Benguigui nous assène quelques saignantes vérités dans lesquelles nous nous reconnaissons tous. Sauf qu’avec L’Impératrice, c’est si joliment dit.