Allez troisième confinement qui ne dit pas son nom, écoles ouvertes et fermées, contagions partout, virus nulle part, télétravail magnifié mais surtout pas dans les entreprises, festivals contagieux mais pas de risques dans le métro bondé … face aux injonctions contradictoires qui nous bouillent le cerveau jusqu’à la nausée, reconstruisons nos balises, retrouvons nos ancrages : écoutons Tinfoil hat de Popa Chubby.
Onze tracks d’une infaillible efficacité
Bluesman de génie, rocker impénitent, guitariste béni des dieux, Theodore Joseph « Ted » Horowitz au civil a troqué son patronyme de baptême pour un nom de guerre plus érectile, avec à la la clé une longue série d’albums que complète un dernier né tout aussi dynamique que ses grands frères, j’ai nommé Tinfoil Hat et ses onze tracks d’une infaillible efficacité. Le tout concocté dans l’antre du maître qui n’a rien perdu de sa virtuosité ni de sa verve.
Alors que le monde sombre dans la déprime, que la pandémie accumule les cadavres, Popa Chubby du fond de son QG de Hudson Valley joue les résistants, truffant son nouvel opus de morceaux plein d’humour et de bon sens, ciblant la folie qui s’empare des USA et du monde entier. Dans le viseur, l’Amérique de Trump, l’impact des réseaux sociaux, le port du masque, la dissonance cognitive, l’appel à la fraternité, la d »nonciation de l’intolérance et de la connerie humaine.
Espoir et autonomie
On n’en attendait pas moins de ce trublion aux doigts d’or, dont le talent jalonne chaque chanson de cette galette chargée d’espoir et de mémoire, dixit la conclusion de Tinfoil Hat « 1968 again » avec tout ce que cela comporte de souvenir de rébellion, de contestation. Bref mes p’tits loups, il est temps de réagir. Né du confinement, l’album est une bouffée d’espoir et un appel au peuple, traversé de sentiments très contradictoires, angoisse, colère, ironie …
Il est aussi la preuve qu’une vie artistique demeure, autonome et fertile. Il suffit de voir les vidéos dont Chubby alimente ses réseaux sociaux pour saisir le caractère indépendant du monsieur, et sa créativité incessante, au milieu de ses instruments, avec comme fil directeur une fanbase qu’il abreuve de riffs jour après jour. Et des riffs de grande qualité, vous le constaterez pas vous-même. Un vrai bonheur de le voir improviser et continuer son bonhomme de chemin malgré la situation.
Honnêtement, ça fait plaisir.
Et plus si affinités