Attention, OLNI en vue !!! La Banlieue du Turfu déboule sur les rayonnages des libraires comme une pincée d’épices et de saveurs inconnues sur une soupe fade. Un véritable objet littéraire non identifiable selon les codes actuels d’un marché partagé entre bluettes insipides, mémoires sans intérêt, polars ineptes et épanchements d’influenceuses. Ouf il était temps d’injecter une dose de bon sens et de poésie dans cette platitude navrante. Et une énorme bouffée d’espoir, un coin de ciel bleu et de soleil au dessus de cités pas si sinistres qu’on voudrait bien nous le faire croire.
Dynamiteur de codes
L’auteur de cet OLNI ? Makan Fofana, «designer et apprenti marabout en résidence à la Gaîté Lyrique. Chercheur associé à l’université Queen Mary Of London, il est le fondateur du laboratoire L’HYPERCUBE. Il étudie l’Islam en Mauritanie, à Damas et à Marrakech avant de poursuivre ses humanités à la Sorbonne Nouvelle. Il change de voie pour devenir mannequin pour une agence de mode sud-africaine. Il a écrit plus d’une trentaine d’articles pour le Trappyblog». Pas franchement un attardé donc, encore moins un inculte ni un fanatique, certainement pas un dealer ni un délinquant.
Par contre, un sacré dynamiteur de codes, boosté par une nette tendance à la transversalité culturelle, en prime une plume dotée du sens de la tournure, d’une dynamique grammaticale assez impressionnante et d’un vocabulaire somptueux qu’il sait faire vibrer comme un conte ou une fable. Un griot de banlieue, un philosophe plein de sagesse, un curieux amoureux de la vie, qui refuse la force d’un destin que médias, politiques, décideurs ont tissé comme des parques sociétales pour y enfermer les quartiers … qui se débrouillent du reste assez bien pour s’enclore tous seuls.
Prendre du plaisir ensemble
Le poids de la cité : Fofana en décrypte les arcanes, les démontre page après page et avec un style bondissant, teinté d’humour et avec un recul de bon aloi. La colonisation, l’Islam, Nike, Google, le foot, les marques … citant poètes, philosophes, penseurs et rappeurs, sautant de Cioran et Kant à Harry Potter et Scarface en passant par Booba et le hiphop, notre malicieux auteur déconstruit les croyances qui enferment l’Homo Banlieueticus designus dans une fatalité totalement fartée … alors que la banlieue est peut-être et très probablement le creuset où réinventer le monde moderne.
«Le turfu commence là où nous prenons du plaisir ensemble …» : que ça fait du bien de lire ces mots. De l’espoir, de la lumière, du positif. D’une phrase, Fofana abolit des décennies de mise à l’index, d’images de violences, de désespérances, de misère … La banlieue ne se résume pas à La Haine ni aux dérives salafistes. Il y a beaucoup de richesses, les graines d’un futur radieux pour peu qu’on modifie son approche, qu’on laisse de côté ses a priori. Qu’on sorte de sa caverne. Platon et NTM, même combat ? Cela se pourrait bien.
Bref, si vous avez le blues, que ce monde vous révulse, lisez La banlieue du turfu. Vous allez adorer, retrouver foi dans la vie et les hommes. De grandes choses sont possibles, il suffit de s’en convaincre, le rêve fera le reste.
Et plus si affinités
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