La première fois que nous avons croisé la route d’Ali Veejay, c’était en 2015. Il officiait alors dans le combo 1=0 avec à la clé un rock poétique certes, mais ô combien tempétueux, sombre comme un ciel d’orage qui ne demande qu’à éclater. Six ans plus tard, avec un premier album en solo éponyme, l’orage a laissé place à un ciel de printemps rempli d’espoir.
Éclore à l’amour
La gestation fut longue, une réflexion au fil du temps, enrichie de rencontres artistiques bien sûr, Dimitri Dupire alchimiste sonore chez Clavicule qui accouchera la chaleureuse tessiture sonore de l’album, le saxophoniste Alexandre Tanet du groupe Isn’it qui s’invite sur deux morceaux, l’ancien comparse de 1=0 Julien Zordan qui prend en charge les basses de la quasi intégralité des tracks, Orval Carlos Sibélius venu assurer la rythmique sur Hurt the sleeping » …
De précieux adjuvants pour raconter cette éclosion à l’amour dans des tonalités enveloppantes, pop, rock, folk, un cocktail poétique qui raconte les premières palpitations devant l’être aimé, ces délicieux frémissements, l’espoir qui naît, les douleurs incontournables d’une séparation qui engendrera d’autres rencontres, comme une difficile marche à gravir pour aller vers plus de lumière … Le bout du tunnel …
Rééquilibrer les émotions
Inspiré des dessins de sa petite fille, l’univers visuel de ce premier album reflète la candeur retrouvée, une légèreté de l’être lavé de ses illusions pour inhaler à pleins poumons les beautés du monde, aussi désabusé soit-il. Nulle mièvrerie, plus de béatitude, simplement l’acceptation de soi et de l’univers … sans plus rien cacher de ses perceptions : « Yogi girl », « Odio puro » … les mots continuent de claquer, Ali Veejay n’a rien perdu de sa clairvoyance …
Assertif, raisonné, il le chante de manière claire, en accord, en paix avec lui-même. Cette écoute tombe à pic dans une période particulièrement oppressante pour remettre les idées en place, rééquilibre les émotions, les énergies. Soigner et y prendre du plaisir dixit « Doctor ». Écoutez cette chanson avec beaucoup d’attention car elle résume assez finement et en des termes simples le but de ce premier album : partager. Soulager.
Rappeler à tous que nous vivons des sensations communes, des douleurs, des peurs, des joies en écho. Exprimer ce patrimoine commun affectif avec ses mots, ses sons. Qui vous toucheront ou pas, c’est selon. Mais le lien est là, tissé de notes, d’harmonies, de mots … C’est le rôle du musicien, du poète, de l’artiste, de créer, d’entretenir ce lien. Pour servir de miroir à l’Autre. Écoutez cet album. Il devrait générer pas mal de questions, peut-être des réponses, à coup sûr du bien-être.
Et plus si affinités