Il y avait bien longtemps que nous n’avions pas opéré de crash test. Et cela nous manquait. Profitant de cette merveilleuse saison printanière placée sous la domination du rhume des foins et autres allergies respiratoires propres au renouveau des semences, nous avons jeté notre dévolu sur … des mouchoirs. Et pas n’importe lesquels. Gros plan donc sur les modèles produits avec amour et fierté par Le Mouchoir français.
Adjuvant hygiéniste et accessoire de mode
Pourquoi des mouchoirs, me direz-vous ? L’accessoire apparaît en majesté au XVeme siècle, cité par Érasme comme un must-have de l’élégance humaniste et civilisée. Il faut dire qu’à l’époque, et depuis des siècles déjà, on se mouche en grande majorité dans ses doigts, son bonnet ou sa manche. Pas forcément ce qu’il y a de plus propre, surtout quand on réalise bien plus tard que le mucus qui nous sort du nez ou de la gorge est un véhicule particulièrement efficace de contagion tous azimuts. Le mouchoir est donc un adjuvant hygiéniste non négligeable dans la lente évolution de l’être humain vers la décroissance du taux de mortalité.
Et un accessoire de mode, batiste immaculée brodée de soie et bordée de fine dentelle que les nobles dames portent gracieusement à la main, que les dandys romantiques ajustent à leur boutonnière. Plus tard, il devient un simple carré de coton qu’on fourre dans sa poche, dont on s’éponge le front par grande chaleur. Puis vint le Kleenex, mouchoir de papier jetable dont on fait grand cas lors d’une bronchite. Pratique certes : plus besoin de le laver. Il suffit de le mettre à la poubelle … et d’augmenter ainsi les tonnes d’ordures générées par l’Homo Modernus, dont on sait la prolixité en matière de pollution.
Combat écoresponsable et aventure entrepreneuriale
Impact environnemental, déclin de l’industrie textile hexagonale : il était temps de changer les choses. 2015 : Mathieu Maisonnial lance Le Mouchoir français comme d’autres partent en croisade, avec en ligne de mire un combat écoresponsable de chaque instant et une aventure entrepreneuriale de longue haleine. Car réveiller l’esprit du mouchoir en tissu après des décennies de kleenex et de globalisation économique à marche forcée n’est pas chose aisée. Dans cette démarche, Le Mouchoir français se veut irréprochable. Avant tout en matière de business model : une SCOP dont les salariés sont actionnaires majoritaires, un atelier privilégiant l’insertion de personnes handicapées.
Et puis le Made in France comme valeur cardinale :
- Des tissus biologiques certifiés GOTS (Global Organic Textile Standard) pour les collections écologiques ; importé, le coton est apprêté, tissé et teint en France.
- Le recyclage de stocks et de chutes d’étoffe.
- Des modèles fabriqués et cousus dans l’Hexagone.
- Des finitions d’exception.
- Une aisance d’entretien.
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Quatre mouchoirs dans un papier de soie
Bon ça, c’est ce qu’on appelle en jargon marketing la « promesse client ». Mais qu’en est-il sur le terrain ? Nous avons contacté Mathieu Maisonnial qui nous a gentiment envoyé quatre spécimens pour passer un de ces petits tests dont nous avons le secret (preuve qu’il ne doute ni de la validité de ses produits ni de son projet) : quatre mouchoirs enveloppés dans un papier de soie qui froufroute quand on le déplie (pas d’emballage superflu, ce qui est parfait et tout à fait écologique), envoyés via la poste et reçus très rapidement (la livraison 72 heures après commande n’est pas un fake).
Premier constat: la découverte
- Des tissus de très bonne qualité, qui se tiennent, sont doux au toucher et accrochent l’œil par leurs motifs éclatants, les nuances des couleurs. Pissenlit, Volière, Crabe, Lagune, deux modèles classiques pour femme, deux modèles en tissu biologique.
- Bye bye le mouchoir grand comme une serviette de table, ici la surface (28 centimètres de côté) est raisonnable, s’adapte parfaitement pour un pliage impeccable et une place optimale dans une poche ou un sac.
- Les finitions sont régulières, très précises, dixit le pli soigné à chaque coin, effectué à la main lors de la couture.
- Chaque modèle est étiqueté du logo, du nom de la marque et de ce petit message qui a inspiré notre titre : « Fabriqué en France avec amour »
Deuxième constat : l’usage au quotidien
Nous avons éprouvé ces mouchoirs des semaines durant ; ils ont investis nos poches, nos sacs, nos bureaux. Nous les avons traîné avec nous partout où nous allions. Et nous les avons beaucoup utilisés, vu que nous sommes tous extrêmement sensibles aux rhinites printanières, sans parler des allergies aux pollens, acariens, pollution et autres saloperies qui nous ont agressés malgré le port régulier du masque, Covid oblige. Résultat des courses :
- Pas de narines irritées malgré un mouchage intensif en règle (merci, merci, cela nous a évité l’habituelle pelade et les sensations de brûlures qui vont avec)
- Une excellente absorption du mucus, notamment lors de l’incontournable lavage de nez au sérum physiologique, donc un mouchoir qui ne demeure pas humide, et ça, ça n’a pas de prix, surtout quand on le glisse ensuite dans sa poche qui demeure ainsi sèche
- Des motifs vraiment sympas, des couleurs accrocheuses, qui rendent l’opération « mouchage » sinon plus raffinée, du moins beaucoup plus fun et originale.
- Une petite réflexion au passage en matière de « funitude » : c’est très exactement le genre de mouchoir que des parents pourraient utiliser pour éduquer leur progéniture à un rituel aussi complexe que le nœud de lacets, mais dont il faudra bien un jour se dépêtrer pour passer dans la sphère des « grands ».
Troisième constat : l’entretien
C’était là notre doute sinon notre inquiétude : l’étape tant redoutée du lavage. Notre expérience antérieure du mouchoir à l’heure de la lessive hebdomadaire a, disons-le, toujours été très médiocre. Tâches de mucus persistant malgré un lavage à 60°, et moult trempages préalables dans un cocktail eau bouillante + javel, tissus jaunissants, rêches, ourlets qui se délitent … bref, tous penauds, nous étions retournés au Kleenex comme époux infidèles à leur foyer. Du coup, le petit article édité sur le blog de la marque « Comment laver son mouchoir en tissu ? » nous avait accroché, dont je résume les recommandations :
- Lavage aisé à 40°, mélange avec le linge courant en usant d’une lessive classique.
- Bien déplier le mouchoir avant de le placer dans le tambour.
- Éventuellement le glisser dans un sac de lavage avec ses semblables.
Un brin dubitatif, nous avons suivi ces recommandations à la lettre … et nos mouchoirs sont ressortis IMPECCABLES ! Séchage à l’air libre sur un fil à linge, même pas de repassage, nickel ! Ils ont immédiatement rejoints nos poches et sacs … et ne nous quittent désormais plus que pour passer à la machine à laver. D’où ils ressortent toujours aussi frais et dispos, avec leurs jolis motifs pour rejoindre nos poches. Et ainsi de suite.
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Récapitulons : de beaux mouchoirs, de qualité, écologiques, made in France, pratiques à l’usage et à l’entretien, confortables et drôles, originaux pour ne pas dire pédagogiques … et peu onéreux ! Une entreprise fondée sur des valeurs sociétales, des exigences éthiques. A l’heure où la filière de la fast fashion et du textile mondialisé se fracture de partout, où les industriels français ergotent quant à la relocalisation de la production, Mathieu Maisonnial et Le Mouchoir français nous prouvent qu’il est possible et souhaitable de sortir notre industrie de la tombe où on l’a enterrée ces dernières années. Qu’on peut produire des accessoires de grande qualité, ecofriendly, avec un rapport qualité/prix tout à fait raisonnable et une véritable portée sociétale sans pour autant s’enfermer dans les diktats du grand luxe réservé à une élite. Bref voici le type de démarche que The ARTchemists adorent et soutiendront toujours avec ferveur.
Et plus si affinités