Le rôle d’un galeriste n’est pas seulement d’exposer et de vendre des artistes. Il doit aussi en documenter la carrière. Ce n’est pas chose facile, mais c’est nécessaire, car très souvent le galeriste est dépositaire de la mémoire d’un créateur qu’il a très souvent contribuer à révéler. C’est particulièrement vrai dans le domaine de l’art brut, dont les chantres ignorent même qu’ils font le l’art.
Mettre en avant des destins souvent visionnaires
L’art brut : art des fous, des désaxés, des oubliés de la vie. Certains crient leur colère intérieure, d’autres chuchotent leurs terreurs, quelques-uns y trouvent leur équilibre en racontant leurs visions, leurs rêves, leurs fantasmes … l’artiste brut ne crée pas pour vendre mais pour vivre. Quel que soit son parcours, c’est en le décryptant qu’on saisit la portée de son œuvre, les clé de son univers, la profondeur de son message.
C’est tout l’intérêt des catalogues d’exposition de mettre en avant ces destins souvent visionnaires. Et à ce jeu délicat, Christian Berst excelle dont les publications sont d’une rare qualité. Publications désormais disponibles en ligne, alors qu’elles intègrent en majesté les fonds numériques de la Thomas J. Watson Library rattachée au Metropolitan Museum of Art de New York.
Un travail de fond doublé d’une volonté pédagogique
Une véritable distinction doublée d’une reconnaissance pour la tache éditoriale effectuée ; il faut dire que le résultat est assez frappant : «50 catalogues d’exposition, 39 monographiques, 11 collectives, 8 500 pages, 100 auteurs, 127 artistes et 6 500 œuvres». Le tout en français et en anglais. Le fruit d’un travail de fond doublé d’une volonté pédagogique : outre les artistes qu’il convient de détecter, il faut aussi trouver les auteurs spécialisés qui sauront en parler le mieux.
Un défi au quotidien pour une problématique récurrente : comment sélectionner les œuvres les plus parlantes d’une exposition afin de rendre compte d’un parcours de vie et de création mêlé, tout en donnant à voir un patrimoine souvent complètement anonyme, parfois exfiltré de collections de psychiatres quand on ne l’a pas sauvé des ordures ? Totalement inconnu du grand public, l’art brut demeure une zone de turbulence culturelle.
A lire également :Rencontre avec Christian Berst : l’art brut, une esthétique de l’altérité ?
Passer de l’autre côté du miroir
Un grand orage dont on peine encore et toujours à définir les contours tant il est protéiforme, hors normes, pure expression des visages de l’altérité. L’art brut ne serait rien si certains, Jean Dubuffet en tête, n’en avaient distingué la grâce et la puissance. Restait à chercher, détecter, évaluer, sauvegarder, valoriser, exposer … et raconter. D’où tout l’intérêt des publications dédiées à cette forme d’art, pour laquelle Christian Berst se passionne depuis des années.
Ces catalogues sont aussi le reflet de cette histoire passionnelle, qui nous promène aux quatre coins du monde en quête de ces merveilles : Franco Bellucci, Zdenek Kosek, Jrge Alberto Cadi, prophet Royal Robertson, John Urho Kemp, Carlo Zinelli, Mary T. Smith, Michel Nedjar … nous ne les citerons pas tous, ni les ouvrages thématiques, particulièrement pertinents. Notre seul conseil : consultez ces catalogues, prenez le temps de les parcourir, observez … passez de l’autre côté du miroir. Vous n’en reviendrez pas …
Et plus si affinités
Pour consulter cette série de publications, rendez-vous sur le site de la galerie Christian Berst – Art brut.