Pas de bonne chronique cinéma sans faire un minimum le point sur la biographie du réalisateur. Dans le cas de Dupontel, c’est un pavé qu’il faut éplucher. Acteur, réalisateur, ce type est aussi prolixe qu’inventif, sans jamais rechigner devant la complexité d’une intrigue, le côté sulfureux d’un sujet. On se souvient tous de Bernie, déjanté à souhait, de 9 mois ferme, du terrible Au revoir là-haut. Adieu les cons ajoute une pépite supplémentaire au palmarès.
Mala vida
Adieu les cons: prenez Suze, coiffeuse quadra atteinte d’un mal incurable because excès de laque en spray ; JB, informaticien de génie en plein burn-out, qui rate son suicide sur lieu de travail et flingue accidentellement un collègue ; Mr Blin, documentaliste aveugle et allergique aux flics, relégué dans une cave bourrée d’archives. Ces trois personnages hors normes vont se rencontrer dans des circonstances complètement barrées et partir en quête du fils perdu de Suze.
Pour fuir une société de merde, rattraper le temps qui a filé trop vite, trouver enfin une raison d’exister même si c’est la dernière. Et remettre un peu de bon sens dans cet enfer d’un quotidien bouffé par le numérique, la dématérialisation des rapports, la brutalité des relations humaines réduites au seul travail, et encore sans aucune reconnaissance de quoi que ce soit, sinon le droit de fermer gentiment sa gueule quand on nous prend pour un paillasson. Le tout avec « Mala Vida » de la Mano Negra à fond les ballons.
Bonnie and Clyde en mode banlieue
Avec autant de cynisme que de poésie, Dupontel signe un scénario où les séquences ubuesques alternent avec les moments d’intense émotion, où les répliques coup de poing fusent ainsi que les répliques d’une grande sensibilité. Une sorte de Bonnie and Clyde en mode banlieue, un hommage au monde surréaliste décrit presque prophétiquement dans Brazil. Dupontel n’a jamais caché son attachement pour l’humour cynique des Monty Python : le film est d’ailleurs dédié à feu Terry Jones, Terry Gilliam y fait également une rapide apparition.
D’autres acteurs également, Virginie Efira si forte et si fragile dans le rôle de Suze, Nicolas Marié parfait en fringuant aveugle, mais aussi dans des rôles secondaires Philippe Uchan, Michel Vuillermoz, Laurent Stocker, Jackie Berroyer, Bouli Lanners, Kyan Khojandi, Grégoire Ludig et David Marsais du Palma Show … bref du très beau monde pour animer ce conte à la fois burlesque et triste, qui épluche avec beaucoup de pertinence et un sens aiguisé de l’humour noir les dérives de notre temps.
Et plus si affinités
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter le site d’Albert Dupontel.