4 mars 2018 : deux personnes sont retrouvées inconscientes sur un banc dans un parc de la cité de Salisbury en Angleterre. On pense d’abord à une overdose, mais c’est en fait un empoisonnement. Le poison ? Un agent neurotoxique : le Novitchok. Russe comme les deux victimes, une jeune femme et son père, ancien espion, exfiltré et réfugié en Grande-Bretagne. Ioulia et Sergueï Skripal. Questions : qui les a empoisonné ? Pourquoi ? Questions bien plus urgentes : qui a été contaminé en dehors d’eux ? Comment gérer cette crise sanitaire, en sus de la crise diplomatique qui se profile ?
Une course contre la montre
C’est en substance le nœud de l’intrigue déroulée par les quatre épisodes de la mini série Affaire Skripal : l’espion empoisonné. Le scénario signé Declan Lawn et Adam Patterson raconte des faits réels : l’affaire Skripal a alimenté l’actualité internationale des mois durant car elle est sans précédent ; il s’agit à la fois d’une tentative de meurtre et d’une attaque chimique. La crise diplomatique qui va s’ensuivre transparaît de séquence en séquence, mais n’est finalement pas le cœur du sujet. Ici, c’est d’individus, de familles dont on parle.
Des quidams qui vont être touchés, physiquement, socialement. Outre les Skripal, un officier de police sera contaminé, toute une ville mise en quarantaine. C’est une course contre la montre que relate la série, avec un sens évident du suspens mais aussi beaucoup de réalisme et de justesse : échappant aux dérives du pathos ou aux excès du film d’espionnage, Saul Dibb propose une réalisation très dynamique qui met en exergue l’impact de cette affaire sur la vie quotidienne de personnes du commun.
Dommage collatéral
Aucune n’imaginait ce qui allait survenir, chacune est durement frappée, impactée, traumatisée. Chacune devient un dommage collatéral dans une mécanique qui lui échappe. Totalement ignorée par les meurtriers, sans importance pour les commanditaires, mis de côté par les autorités britanniques. Des gens de rien qui vont payer le prix fort des combats qui ne sont pas les leurs, des enjeux dont ils n’ont même pas notion. On tremble en regardant ces images, qui ne sont pas sans évoquer celles de la série Chernobyl; que se serait-il passé si la contagion n’avait pu être enrayée ?
On ne peut qu’y penser au terme de la série : si l’usage d’armes chimiques revient en boucle dans les conflits modernes (une séquence y fait d’ailleurs allusion), on sait aussi que c’est un moyen efficace d’éradiquer les opposants politiques où qu’ils soient : Kim Jong Nam, Alexeï Navalny, Alexandre Litvinenko, Viktor Iouchtchenko … Avec L’Affaire Skripal, on saisit la violence du processus, son total aveuglement.
Et plus si affinités
Vous pouvez voir la série Affaire Skripal : l’espion empoisonné sur ARTE.