1944. Deux aviateurs anglais, James et Bryan, sont envoyés en mission au dessus de l’Allemagne pour photographier des sites à bombarder. Mais c’est eux que la DCA nazie descend en flammes : les deux amis d’enfance se retrouvent perdus dans la campagne, au milieu des lignes ennemies. Pour échapper aux poursuites, ils montent dans un train saturé de blessés de guerre … et décident de se faire passer pour deux SS. Ce qui les conduit directement au cœur de l’Unité Alphabet.
A lire également :Music Box : Costa-Gavras face à la traque des criminels nazis
Un drame psychologique en deux actes
L’Unité Alphabet, c’est le nom du service psychiatrique d’un hôpital militaire perdu dans la Forêt Noire. Son but : soigner les traumatisés de guerre pour les renvoyer au plus vite sur le front russe où la chair à canon manque cruellement. Le traitement est énergique, les électrochocs monnaie courante, la traque et l’exécution des simulateurs quotidienne. Parachutés dans cet univers infernal, James et Bryan vont devoir survivre.
C’est cette survie que Jussi Adler-Olsen détaille dans une première partie de roman haletante, où chaque page apporte son lot de stress et de rebondissement. Quant au second acte de ce drame psychologique, il prend corps en 1972, trente ans après, quand Bryan, qui a pu s’enfuir, décide de retourner en Allemagne pour retrouver la tombe de James, qui n’a pu le suivre dans son évasion. Seulement voilà : rien ne dit que James soit mort. Encore moins leurs tortionnaires de l’Unité Alphabet.
A lire également :Fritz Bauer – Un héros allemand : devoir de mémoire et affaire de justice
La mémoire persistante de l’horreur
Nous n’en dirons pas plus sur la suite des événements. Sachez seulement que ce roman mélange les genres : guerre, espionnage, thriller, L’Unité Alphabet est aussi un récit de vengeance d’une rare brutalité, qui met en évidence à la fois la folie du nazisme enracinée dans le mythe du surhomme SS, les spoliations et détournements de mise dans cette période trouble, l’impunité et la réinsertion des bourreaux dans la société d’après-guerre.
Le propos est extrêmement dérangeant : le livre donne par ailleurs à voir l’ampleur des traumatismes de guerre, la destruction irrémédiable des esprits, la décomposition des liens. Quelque part, les lignes de Adler-Olsen évoquent le film Portier de nuit de Liliana Cavani, cette mémoire persistante de l’horreur, comme une plaie vive qui hante et ronge ceux qui ont survécu … et qui se sentent coupables.
A lire également :Anthropoid : de la difficile obligation de résister
Pour conclure, L’Unité Alphabet se situe entre Vol au dessus d’un nid de coucous nazis, Il faut sauver le soldat James et Birdy from Fribourg; Jussi Adler-Olsen y développe une écriture d’une rare efficacité, qui mêle suspens et trauma dans un climat absolument suffocant.
Et plus si affinités
Vous pouvez acheter le roman L’Unité Alphabet en cliquant sur la photo.