On se plaît à désigner le 14 juillet 1789 et la prise de la Bastille comme l’acte de naissance de la Révolution Française. C’est oublier un peu vite le scandale épouvantable de l’affaire du collier de la reine, qui éclate en 1785 et dont la monarchie française ne se relèvera pas. Affaire dont traite avec beaucoup de pertinence la fiction intitulée « Le collier de la reine ».
Une rocambolesque escroquerie
Tourné en 1962 dans le cadre de l’émission La caméra explore le temps, cet épisode raconte par le menu comment la reine Marie-Antoinette se retrouva mêlée à une rocambolesque escroquerie : le vol d’une parure de diamants somptueuse, que l’intrigante comtesse de la Motte subtilisa aux joailliers Boehmer et Bassenge, par le biais du cardinal de Rohan.
Épris de la reine, désireux de lui plaire, ce dernier, malgré sa fonction religieuse, fit les démarches d’achat en son nom, avançant une partie de la somme, engageant la reine sur plusieurs reconnaissances de dettes. Alors que cette dernière n’était absolument pas au courant. Tout simplement parce que la comtesse de La Motte avait manipulé son monde.
Une autorité royale affaiblie
Faisant croire aux uns et aux autres qu’elle était proche de la souveraine, sa confidente, allant bien plus loin encore dans le mensonge, jouant des sentiments et de la candeur de Rohan, de l’avidité des deux bijoutiers, de la réputation dépensière de Marie-Antoinette par ailleurs, de son refus des conventions, de son insouciance.
Marie-Antoinette fut, elle, réellement impliquée dans cette histoire ou une simple victime ? Producteurs de l’émission au même titre que Stellio Lorenzi, les historiens André Castelot et Alain Decaux apportent chacun leur lecture. Ce qui est sûr, c’est que l’affaire du collier de la reine prouve que l’autorité royale est affaiblie.
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Un incendie incontrôlable
La monarchie n’a plus de poids, on ne la respecte plus comme une entité sacrée. Le récit le démontre de manière magistrale, confrontant le détachement d’une souveraine magnifiquement interprétée par Gisèle Pascal et l’enjôleuse hypocrisie de Claude Winter, impressionnante dans le rôle d’une comtesse de La Motte porteuse de bien des mystères.
Le reste du casting est de haute volée, l’ensemble, bien que tourné en noir et blanc, n’a pas pris une ride, et met en évidence avec clarté les enjeux, les tensions. On comprend parfaitement que le feu couve, que cette histoire de collier s’enracine dans un climat déjà délétère pour ajouter de l’huile sur le feu, du combustible dans un incendie qui va devenir incontrôlable.