Rejetons de Jello Biaffra, petits neveux de Lydia Lunch et Poly Styrene, cousins des Viagra Boys et de Billy Nomates, le quatuor australien Amyl ans the Sniffers affiche sa vocation punk dès son premier EP Giddy Up bouclé en 12 heures. Nous sommes en 2016 et la patrie des kangourous vient d’accoucher d’un nouveau groupe emblématique, dans le sillage des déjà très barrés Grindhouse. Aussi talentueux, aussi prolifiques, aussi teigneux et aussi dingues. Et très très punk.
Plenty of energy
Bryce Wilson à la batterie, Dec Martens à la guitare, Fergus Romer à la basse et au milieu de ces messieurs sérieux comme des patriarches, Amy Taylor, chanteuse et frontwoman d’exception, qui déboule sur scène en short et haut de bikini dans la blondeur angélique de sa coupe mulet pour se déhancher comme une possédée, foutre le feu aux planches sans aucun complexe, s’accrocher au plafond comme un koala sous amphet, bref foutre un merdier royal dans un public conquis par cette nymphette bad ass et fière de l’être.
Il faut dire qu’elle a de l’abattage, la donzelle, petite, nerveuse, allure de boxeuse poids léger, une bombe à retardement qui ne demande qu’à exploser et s’en vante : « I’ve got plenty of energy» clame-t-elle sur « Guided by angels », titre on ne peut plus clair quant à la légitimité de cette furie adoubée par les cieux, et dont le minois apparaît désormais dans Vogue Australia comme une juste consécration, s’il vous plaît. Pourtant, pas de quoi aveugler cette bande de potes à la tête bien faite, qui connaît suffisamment la loose au quotidien pour en chanter les désagréments avec jugeote :
« I’m working off my ass / Every single day / For the minimum wage /And I don’t get paid / I don’t have a house / I can’t pay the rent / I’m sleeping on the floor in a car in a tent / So I’m stressed on tick /I’m stressed on tick / I’m stressed about money cuz I’m gacked on anger ».
Aucune concession
Cet extrait particulièrement parlant de «Gacked on anger» pourrait introduire le fabuleux et inégalé « Let’s lynch the landlord » des Dead Kennedys. Survoltés, en colère, en manque, et pas franchement d’accord pour se laisser faire par la société, Amyl et ses sniffers s’appuient sur des mélodies travaillées au corps et dans la masse à coup de burin pour déverser leurs punchlines en mode spoken word énervé. Prenez la ligne de basse de « Hertz », les riffs de « Security » ou « Some mutts », et vous comprendrez pourquoi ce combo a de l’avenir.
Un avenir qu’ils tracent à la faveur de leurs envies et rien d’autre : c’est le petit plus qui fait la très grosse différence. Tout ce petit monde kiffe d’enregistrer, d’être en live, bref de faire de la musique, et SA musique… et quelle musique ! Regardez Amy crier «I’m not looking for trouble, I’m looking for love » alors qu’elle danse dans un cimetière comme si elle était complètement camée (la chanteuse compare volontiers leurs tracks à une prise de drogue) et vous comprendrez le truc : aucune concession. Décidément, punk is not dead, il se porte même plutôt bien.
Et plus si affinités :
Pour en savoir plus sur Amyl and the Sniffers, consultez le site du groupe, ainsi que ses comptes Facebook, Instagram, Youtube et Bandcamp.