Une bonne crise de rire par les temps qui courent, ça se fait rare. Raison de plus pour se mater une bonne comédie à la française et c’est encore mieux si il y en a deux. À visionner de toute urgence donc, Tendre poulet et On a volé la cuisse de Jupiter, deux films signés Philippe de Broca qui dirige ici Annie Girardot et Philippe Noiret, duo pour le moins explosif dont les enquêtes prennent des allures de BD délirante et cocasse.
Tanquerelle / Lemercier : couple improbable et chasse aux criminels
Au cœur de ces deux intrigues, le commissaire Tanquerelle, Lise de son prénom. Une enquêtrice hors pair, passionnée de littérature policière, qui a « passé le concours de l’école de police comme on entre au cinéma » et mène sa team de flics de main de maître, tout comme sa mère, sa tante et sa gamine, qui fatiguent devant l’énergie dévoratrice de cette hyperactive. A ses côtés, Antoine Lemercier, professeur de grec ancien, pilier de la Sorbonne, vieux célibataire vivant avec son mainate et ses bouquins d’Aristote.
Deux quadras qui se rencontrent au hasard d’un accident de voiture, découvrent qu’ils ont fréquenté les mêmes cours lors de leur lointain passage en fac, ont un peu flirté en ces occasions, et tombent définitivement amoureux l’un de l’autre, même si Antoine, grand bouffeur de képis devant l’Éternel, tique un peu quand il réalise que sa belle est flic et du côté des CRS en cas de manif (ce qu nous vaut d’ailleurs une des séquences mémorables de Tendre poulet). Un détail que nos deux tourtereaux vont vite balayer au profit d’une enquête menée tambour battant par une Lise Tanquerelle aussi acharnée qu’un pitbull.
Avec à la traîne son pantouflard d’Antoine, bien obligé de se caler sur le rythme d’une future épouse qui révèle son côté bad boy sur le retour, traquant les assassins de députés jusque dans les garages désaffectés et les bistrots de banlieue. À peine conclu, Tendre poulet embraye sur On a volé la cuisse de Jupiter: un an a passé, tout juste mariés, nos amours partent vivre leur lune de miel en Grèce où ils se retrouvent mêlés à une affaire de vol de statue parsemée de cadavres, avec en prime une cavale échevelée aux côtés de Francis Perrin et Catherine Alric.
Détente de méninges et répliques cultes
Pourquoi on aime ?
- Pour les gags en cascade, comme seul Phil de Broc peut en inventer ; ces deux films témoignent de l’humour très particulier du réalisateur, à qui l’on doit par ailleurs L’homme de Rio, Le Diable par la queue, Le Magnifique…
- Les deux scénarios, d’une très grande originalité, sont boostés par Michel Audiard, ce qui nous vaut le plein de répliques farfelues et de punchlines qui claquent.
- Le tandem Tanquerelle /Lemercier, initié dans le roman policier Le Frelon de Jean-Paul Rouland et Claude Olivier, est d’une richesse narrative incroyable, tant par ses oppositions que par ses interactions, qu’Annie Girardot et Philippe Noiret exploitent avec bonheur et délectation, créant un duo de cinéma d’une rare qualité.
- Les deux films tournés au mitan des années 80 mettent en avant une femme-flic, indépendante et douée, qui doit s’imposer dans un univers masculin particulièrement sexiste, ce qu’elle fait avec professionnalisme, dynamisme, humour et une très grande fermeté quand il le faut. La chose était rarissime à l’époque, cela mérite d’être noté.
Bref, si vous avez le spleen et besoin de vous détendre les méninges, avec à la clé de grosses crises de rire, un voyage en Grèce, des enquêtes palpitantes, des personnages attachants, des acteurs talentueux, des répliques cultes, vous savez quoi visionner ce soir ! À regarder sans modération !
Et plus si affinités :
Vous pouvez visionner les films Tendre poulet et On a volé la cuisse de Jupiter en VoD ou en DVD.