Dans la série « feel good movie » à la française à voir et revoir sans modération : Le Placard de Francis Veber, ou comment François Pignon va transformer sa vie en prétendant être homosexuel alors qu’il ne l’est pas.
Incarner François Pignon : un adoubement
François Pignon, le héros cher à Francis Veber depuis L’Emmerdeur à l’aube des années 70, individu effacé, spectateur plutôt qu’acteur de sa vie, qu’une situation inattendue frappe de plein fouet et qui va devoir réagir pour survivre, enclenchant ainsi une série de péripéties qui font la saveur du scénario certes, mais tracent pour lui une longue route d’épines avec heureusement des pétales au bout, sinon on sortirait du genre comique.
Avec le temps, incarner François Pignon est devenu une forme d’adoubement pour un acteur : en 2001, C’est Daniel Auteuil qui s’y colle, sortant de ce placard où il n’est jamais entré, dit-il, pour sauvegarder son emploi de comptable dans une entreprise de préservatifs. A l’origine de cette stratégie, un voisin, psychologue d’entreprise à la retraite qui a jadis été licencié parce qu’homosexuel.
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Derrière le rire, la violence du monde du travail
Une photo trafiquée compromettante envoyée à la direction , et d’un seul coup, Pignon l’invisible se retrouve au cœur des potins de couloirs, attisant la curiosité, les moqueries, l’animosité… ou la convoitise. « Il y a un problème Pignon et il faut le régler » décrète le PDG joué par un Jean Rochefort hiératique. C’est effectivement ce qui va se passer de manière hilarante, tandis que François Pignon gagne en assurance, s’affirmant comme un leader empathique et plein de bon sens.
Servi par un casting de haut vol (Michèle Laroque, Thierry Lhermitte, Michel Aumont, Gérard Depardieu…) et la musique entraînante de Vladimir Cosma, Le Placard est d’une rare efficacité pour faire rire, tout en faisant la focale sur la violence relationnelle qui règne dans le milieu professionnel : blagues sexistes, harcèlement, homophobie, plaisanteries de mauvais goût, licenciements abusifs, agressions physiques…
On rit, on s’attendrit, mais le propos est malheureusement juste sous le vernis des gags et des répliques, et toujours d’actualité dans un monde du travail qui n’a guère évolué malgré les progrès technologiques et les injonctions au bien-être. Sommes-nous tous des François Pignon condamnés à sortir du placard pour avoir le droit de vivre ? La question mérite d’être posée… et réglée.
Et plus si affinités