Pitof à la réalisation, Jean-Christophe Grangé au scénario, Marc caro au design des personnages, Gérard Depardieu et Guillaume Canet à la tête d’un casting détonnant : Vidocq a tout pour séduire les amateurs de polars bien troussés à l’esthétique glauque.
Un tueur qui vole les âmes
Vidocq donc : voyou, bagnard, indic, flic puis directeur de la très opaque brigade de sûreté avant de devenir détective privé, Eugène-François Vidocq a beau être une figure historique ancrée dans les coulisses du Premier Empire et de la Restauration, son parcours hétéroclite a tout pour en faire un personnage de fiction. Une légende même, qui s’infiltre dans la littérature via le ténébreux Vautrin de Balzac avant que Hugo ne le dissocie en trois personnages clés du roman Les Misérables: Jean Valjean, Thénardier et Javert.
Par la suite, c’est en version bande dessinée que Vidocq connaîtra la postérité, ainsi qu’à la télévision et au cinéma. Le film porté par Pitof en 2001 complète avec éclat une vaste liste de longs métrages et de séries à succès. Tout commence par la disparition de l’enquêteur au cœur d’une manufacture de verrerie, alors qu’il traque un mystérieux assassin surnommé « L’Alchimiste ». Un jeune journaliste, Étienne Boisset, désireux de boucler sa biographie de Vidocq, reprend ses investigations : à la clé, trois meurtres aussi spectaculaires qu’incompréhensibles, des disparitions de jeunes filles et un tueur qui vole l’âme de ses victimes.
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Une esthétique balançant entre roman graphique et jeu vidéo
Du Grangé pur jus, taillé sur-mesure pour permettre à Pitof, grand spécialiste des effets spéciaux devant l’Éternel, de multiplier les distorsions visuelles, les mouvements de caméra, les plans vertigineux, dans une esthétique balançant entre roman graphique et jeu vidéo. Il en ressort un récit haletant, une plongée oppressante dans les bas-fonds parisiens, une galerie de personnages malsains et trompeurs, quelque chose d’une version numérique des Mystères de Paris d’Eugène Sue, avec en filigrane la révolte qui gronde, tandis que ce tueur insaisissable, semble-t-il venu de l’au-delà, frappe avec une férocité qui n’a d’égal que son audace et son inventivité.
En résumé, Vidocq est LE film à voir pour se vider la tête tout en se saturant la rétine d’images travaillées au scalpel, les narines d’un parfum de corruption entêtant. On retiendra le rythme endiablé de la narration, des cadrages d’une grande qualité, la démence incompréhensible de l’Alchimiste… Petit plus qui fait beaucoup : les quelques minutes où Edith Scob apparaît à l’écran en mère maquerelle terrorisée. Et, comme à son habitude, André Dussolier qui crève proprement l’écran en campant une éminence grise de la police, un profil tout en nuances, autoritaire mais fataliste, dépassé par une situation explosive qu’il n’a probablement jamais contrôlée.
Et plus si affinités