Sans visage, sans identité que celle qu’ils se sont forgée de toute pièce : à l’image du célébrissime Banksy, de nombreux artistes avancent masqués, au propre et/ou au figuré, puisant leur force dans leur anonymat. Un choix délibéré en contraste flagrant avec la quête de célébrité qui anime généralement les créateurs. Mais encore ? C’est l’objectif du livre L’art clandestin que d’explorer les facette de cette création sans visage, ses objectifs, ses motivations.
L’univers trouble et prolixe des « artivistes »
Streetart, performance, création digitale, le livre d’Emmanuelle Dreyfus et Stéphanie Lemoine n’est pas sous-titré « Anonymat et invisibilité – Du graffiti aux arts numériques » par hasard : c’est au contraire une manière de cadrer le propos dès la couverture de cet ouvrage particulièrement complet qui passe au crible l’univers trouble mais particulièrement prolixe des « artivistes ». Avec comme point de départ des problématiques très spécifiques :
Pourquoi ce choix de l’anonymat ?
Que permet-il au niveau de la créativité ?
Quel impact sociétal et politique ?
Quels stratagèmes adoptent ces artistes de l’ombre pour alimenter le réseau de fumée qui cache leur véritable identité ?
Quels problèmes découlent de cet anonymat, notamment au niveau de l’appartenance juridique des œuvres ?
Un choix militant et ses contraintes
Stratégie de communication misant sur l’attractivité du mystère ou volonté profonde de s’effacer pour laisser le champ libre à ses œuvres ? Réflexion philosophique sur l’artiste absorbé et digéré par le processus créatif et sa résultante ? Volonté de mettre en lumière l’intemporalité de mythes comme celui du super-héros ? Désir de dénoncer l’extrême surveillance de sociétés ultra numérisées qui violent au quotidien nos intimités ? Tout cela mêlé et plus encore ?
En disséquant le cas de plusieurs artistes, en en rencontrant d’autres, en rapportant et analysant leurs points de vue, en faisant la focale sur de nombreuses œuvres, les deux auteures lèvent le voile sur un engagement voulu et assumé autant que sur une forme de création orientée par les libertés de ce choix militant… et ses contraintes. Car qui dit mystère dit désir ardent de le dévoiler. Et c’est un risque constant pour ces artistes de l’ombre que d’en être sortis brutalement par la toute puissance médiatique. Perdraient-ils alors leur pouvoir de fascination ? C’est la question clé à méditer.
Et plus si affinités
Pour en savoir plus sur le livre L’art clandestin, consultez le site des Editions Alternatives.