La production cinématographique et documentaire reste relativement mince en ce qui concerne l’évocation de la rafle du Vélodrome d’Hiver. Claudine Drame, qui se penche sur le sujet en 2011 dans un article intitulé « Le Vél d’Hiv’ au cinéma » paru dans le n°195 de la Revue d’histoire de la Shoah, donne à voir une thématique que peu de réalisateurs ont abordée. Pour se faire une idée un peu plus complète, nous vous conseillons de visionner le film La Rafle et le documentaire La Rafle du Vel’d’Hiv – La honte et les larmes.
La Rafle – Roselyne Bosch
Sorti en 2010, le film La Rafle de Roselyne Bosch relate les événements en insistant sur la tragédie humaine vécue par ces gens qui ne demandaient rien que de vivre tranquillement. Certaines critiques ont souligné le côté « mélo » de ce récit porté par Gad Elmaleh, Jean Reno, Mélanie Laurent, Sylvie Testud, Anne Brochet, Catherine Allégret, Isabelle Gélinas, Thierry Frémont… Or c’est justement tout l’intérêt de La Rafle que de restituer l’ampleur du traumatisme infligé, confronté à la froideur des décisions prises en amont.
Sans être racoleur, le film, en s’appuyant sur des témoignages, des faits précis, met en relief l’atrocité de la situation, le cauchemar dans lequel ces familles ont soudainement été plongées, la lente et horrible prise de conscience de la volonté d’éradication à l’oeuvre, la volonté de survie qui anime certains dans ce chaos indescriptible. Le film est particulièrement dur, certaines séquences odieuses, insupportables. Le spectateur restera stupéfait devant cette violence, et c’est d’ailleurs le but de la réalisatrice que de transmettre cet effet de sidération.
La Rafle du Vel’d’Hiv – La honte et les larmes – David Korn-Brzoza
Reflet documentaire de ce film, La Rafle du Vel’d’Hiv – La honte et les larmes, tournée par David Korn-Brzoza pour commémorer les 80 ans de l’événement, complète le regard de Roselyne Bloch en proposant une analyse précise des faits menée par un spécialiste du sujet, l’historien Laurent Joly : approche chronologique, cartographie de l’opération en cours, documents d’époque, statistiques, dessins animés illustrant les différents actes de cette atrocité. La restitution de l’architecture du Vel’d’Hiv’, les conditions de détention absolument inhumaine, y sont décrites avec une précision qui fait frémir.
Impossible de détourner le regard, ni de nier la responsabilité de Pétain, Laval et leurs séides, mise en exergue aux travers des directives préfectorales, conservées avec soin dans les archives. Les commentaires prononcés par Vincent Lindon, ainsi que les témoignages des rescapés, la lecture de lettres, de messages ajoutent une tension particulière au déroulé des événements, tout en insistant sur le fait que cette opération fut un échec : 2/3 des personnes listées échappèrent à une rafle qui choqua l’ensemble de la population parisienne.