Remarqué lors de sa création au festival Suresnes Cités Danse en février dernier, le spectacle Les Yeux fermés… du chorégraphe Mickaël Le Mer entame une jolie tournée cette saison (puis les deux prochaines). Rencontre avec le directeur de la compagnie S’Poart autour d’une pièce hip hop qui réussit le tour de force de saisir avec éclat l’univers de feu Pierre Soulages.
Vous avez redécouvert, à la faveur d’un documentaire TV, l’univers de feu Pierre Soulages qui vous a inspiréLes Yeux fermés…Vous êtes-vous nourri d’autres matières, documents pour cette création ?
Je me suis, avant toute chose, inspiré de mon ressenti face aux œuvres de Pierre Soulages. Je me suis aussi inspiré de son discours, de ses mots quand il parle de son propre travail, de son inspiration, de ce qu’il ressent lorsqu’il peint.
Vous parlez de l’outrenoir comme d’un choc esthétique. Qu’est-ce qui vous meut tant dans l’univers de Soulages ?
Avant de parler de choc esthétique, il s’agit d’un choc émotionnel. Je connais le travail de Pierre Soulages depuis longtemps et si je dois être honnête, cela ne me parlait pas plus que ça. Mais j’ai redécouvert son travail à un moment de ma vie où ma perception a été nouvelle, peut- être même par besoin, par nécessité. Ce choc émotionnel m’a envoyé un message positif que j’attendais à ce moment-là.
Quelle fut votre méthode pour traduire au plateau et chorégraphiquement le geste pictural, la palette si singulière du maître de Rodez ?
Dans le processus de création, ce qui a été particulier, c’est que la lumière, la scénographie ont été pensées et conçues en amont du travail avec les danseurs.
Lorsque les danseurs ont commencé à travailler sur la création, une grande partie de la lumière était écrite. Ce fut une contrainte pour eux au début puis c’est devenu un atout de ce spectacle. J’ai travaillé avec les danseurs sur la décomposition du corps. Le corps apparaît au fur et à mesure de la pièce en même temps que la lumière envahit le plateau.
Le titreLes Yeux fermés…est sujet à de multiples interprétations : la mort, la confiance aveugle, le refus de voir…Quelle serait la plus appropriée à la pièce ?
Pour moi ce titre évoque un rapport de confiance. Plonger dans le noir, fermer les yeux pour y trouver la lumière, l’espoir, voire l’invisible.
Les Yeux fermés…pourrait-il quitter la boite (outre)noire pour être performé dans des espaces muséaux (dans une version remaniée) ?
Oui bien sûr. Tout est adaptable.
Le musée Soulages s’intéresse-t-il à la création ?
J’espère un jour.
Votre compagnie S’Poart vient de fêter ses 20 ans, forte d’un répertoire d’une quinzaine de pièces à l’écho international. Quel regard portez-vous sur le chemin parcouru ?
Des réussites, des échecs… Je n’y pense pas trop à vrai dire. Je me projette sur les années à venir avec de nombreux projets de créations. Deux pièces de groupe dont une en « grande forme », une pièce jeune public, une pièce pour quatre danseurs, deux soli. Plus des projets de transmission, la direction du festival Colors à la Roche-sur-Yon, la direction d’une école de danse, la création d’un lieu dédié à la danse.
Les Yeux fermés…tourne jusqu’en mai prochain (voir ci-dessous dates de tournée). Avez-vous déjà en tête la prochaine création ?
Les yeux fermés tournera sur la saison à venir, mais également en 24/25. Et oui, j’ai déjà en tête de nombreux projets… sur les trois prochaines années à venir comme énumérés plus haut.
Et plus si affinités
pour en savoir plus, consultez le site de S’poart.