Mi-décembre, froid polaire, une foule se presse aux portes de La Sirène où IZÏA vient promouvoir son nouvel album La vitesse. Un opus qui a décontenancé public et critique. La trentenaire – qui affiche au compteur déjà 17 ans de carrière, cinq albums, une dizaine de films, deux Victoires de la musique et un César – s’y réinvente en electropop-star, loin de l’univers rock de ses débuts. Forcément, le public est curieux de voir sur scène ce que donne cette métamorphose. Il ne sera pas déçu…
Grand écart stylistique
Elle se fera pourtant désirer, la marraine de la SMAC rochelaise, inaugurée en avril 2011. Longues furent les minutes entre la fin de la première partie – Nina, jeune pousse de la pop française – et l’arrivée de la bouillonnante vedette de la soirée. Encombré de son combo hivernal écharpe/bonnet/gants/doudoune, le public l’attend sagement puis moins lorsque surviennent les inévitables et impatientes scansions « IZÏA, IZÏA, IZÏA ».
La lumière se tamise, l’artiste entre en scène, au-dessus d’elle un énorme logo lumineux nous rappelle son nom (au cas où …). Pas de doudoune, ni de bonnet pour elle, mais un petit body et un perfecto noirs comme costume de scène. En mode Madonna «Open your heart » ou Guesh Patti «Etienne » … bref très 1987. Accompagnée de son groupe (basse : Bastien Burger, batterie : Nicolas Musset, guitare : Terrier et clavier : Julia Jérosme), IZÏA va revisiter son répertoire fort de 5 albums. Occasion d’apprécier l’étendue de celui-ci, car quel grand écart entre le punk Let me alone et le plus smooth Calvi.
Pop ou rock ?
Le public se laisse porter au gré des titres piochés en grande partie dans les albums La Vitesse et Citadelle (paru en 2019, ce dernier n’avait pu faire l’objet d’une tournée, pandémie oblige). Public bigarré : là des adolescentes excitées, ici un petit couple gay, plus loin une bande de sexagénaires entourés de familles nombreuses. IZÏA plaît à une large audience… très certainement depuis son virage pop bien négocié car rappelons-le avec son identité forte, l’electro La Vitesse signe pour l’artiste un retour ultra-gagnant.
Mais d’ailleurs IZÏA est-elle si pop que ça ? À bien l’écouter ce soir, elle verse toujours dans le rock bruyant. Ses versions live d’ «Étoile Noire », «Tristesse » ou encore «La Vitesse » ont une énergie toute pop-rock, mais celle de « Dehors c’est la vie »aux accents techno berlinoise vous plaque au mur, au sol… bref où vous voulez, où que vous soyez. Cela contrebalance avec les sucrés « Mon cœur »et «Pura Vida »aux sonorités latinos, ritournelles parfaites pour une cérémonie de NRJ Music Awards, titres qui ont cependant remporté un vif succès pendant le concert.
Rebattre les cartes
Mais au-delà de sa musique, IZÏA est rock par son essence. Par sa filiation. Par son attitude. Se foutre gentiment de la gueule de son public rochelais qui peine à bouger son derche : elle le fait. Conchier les hypocrites festivités familiales de Noël – qui approche à grand pas : elle le fait. Dans des termes cash, à grand coup d’éclats de rires. Et au-delà de ce concert !
Elle est rock en s’autorisant tout simplement à sortir de son étiquette, de sa case (si précieuses en France) pour rebattre ses cartes à quasiment chaque sortie d’album. Une énergie folle, un rapport au public chaleureux, un groupe au diapason, un show light ultra-efficace : la Sirène est en chaleur à l’issue du concert. «Dehors c’est la vie » … dehors, c’est aussi le grand froid ce 16 décembre et ça va être difficile de l’affronter après ce coup de show !
Et plus si affinités
Pour en savoir plus sur son actualité et ses concerts, consultez le site d’IZÏA.