Vous êtes en panne de séries de qualité ? Vous adorez le cinéma ? Le Parrain fait partie de vos films cultes ? Arrêtez tout et visionnez le trépidant The Offer, ou comment est né le mythique The Godfather. Et cela vaut largement son pesant de cacahuètes, à moins que vous ne préfériez le popcorn.
Un bordel dantesque
En dix épisodes taillés à la serpe, Michael Tolkin (journaliste à qui l’on doit par ailleurs le scénario de The Player, film de Robert Altman adapté de son propre roman) raconte par le menu la genèse du film le meilleur de tous les temps, si l’on en croit sa persistance en tête des classements effectués année après année. On pourrait croire la chose ennuyeuse, que nenni ! Le premier opus de la saga Corleone a bien failli ne jamais voir le jour. Sa création ne fut pas un long fleuve tranquille, loin de là.
Pour tout dire, ce fut même un véritable merdier, avec un lot incroyable de péripéties et de rebondissements, entre frilosité des investisseurs, menaces mafieuses, surveillance du FBI, tentatives de meurtres, exigences du réalisateur, coupes budgétaires, producteurs partant en sucette, ingérence de gangsters… bref un bordel dantesque ! Et un processus créatif frénétique révélateur de l’ambiance régnant dans les studios à l’heure du Nouvel Hollywood.
Une véritable Renaissance
Nous sommes au début des années 70 et la Mecque du cinéma va connaître un formidable coup de Sirroco artistique avec l’accouchement de films cultes comme Love Story ou Chinatown, la mise en avant de réalisateurs et d’acteurs de talent (Al Pacino, Robert de Niro, Burt Reynolds…), une nouvelle approche de la narration, des thématiques inédites, des scénarios décapants… Bref une véritable Renaissance.
Une Renaissance que des producteurs visionnaires vont porter à bout de bras, prenant des risques incensés, ne lâchant pas un pouce de terrain face à l’adversité, contournant les obstacles avec machiavélisme pour faire naître ces projets dans lesquels ils ont une foi totale. Albert S. Ruddy fait partie de cette race de conquérants, dont les souvenirs alimentent cette geste moderne particulièrement prenante.
À lire également :
- Hollywood : et si on foutait un coup de pied dans la fourmilière du cinéma ?
- Babylon : le cinéma, riche d’opportunités et de mises à mort
- La Mafia à Hollywood : James Ellroy avait raison !
Défendre une certaine idée du cinéma
Interprété par Miles Teller, Albert S. Ruddy est celui par lequel le miracle arrive. A la fois chef d’orchestre, régisseur, homme de main, diplomate, manipulateur, loyal par ailleurs, au film qu’il défend, au réalisateur qu’il a choisi, à l’équipe qui l’accompagne. Quitte à risquer sa carrière. Idem pour Robert Evans (Matthew Goode), producteur pour la Paramount Pictures, qui est aussi à l’origine de cette série. Une manière de remémorer ses grandes heures et de défendre une certaine idée du cinéma, à l’heure du tout Netflix ?
Servie par un casting éclatant, The Offer détaille certes les différentes étapes de la création d’un film, depuis le choix d’un sujet jusqu’à la création de l’affiche ; mais il s’agit par ailleurs de mettre en avant ce qui différencie un film lambda d’un mythe, avec en prime une analyse stylistique du long-métrage de Coppola (excellent Dan Fogler), avec le plein de références à Caravage, Shakespeare, les Atrides, le travail des ombres et des lumières, l’importance d’une approche naturaliste (les scènes de cuisine)…
Il y a tant à dire sur cette série, trop même. Le mieux est de la regarder. Puis de revoir Le Parrain après, vous n’y échapperez pas, tant les anecdotes pullulent qui donnent envie de revisionner ce chef-d’œuvre pour en scruter les moindres détails et en comprendre la véritable portée, l’impressionnante esthétique.