Il y en a eu huit étalées sur la seconde moitié du XVIᵉ siècle et elles ont laissé le royaume de France exsangue. Opposant catholiques et protestants dans un conflit fratricide, les Guerres de Religion touchèrent toute l’Europe, mais c’est dans l’Hexagone plus spécifiquement qu’elles furent les plus meurtrières. Le Massacre de la Saint-Barthélémy en 1574 n’est qu’une des épisodes les plus atroces de ces décennies de violence incroyable, avec pour enjeu ni plus ni moins que le trône des Valois. Cette période cruciale de notre histoire commune tend à s’effacer des livres de classe. Fort heureusement, deux expositions traitent actuellement du sujet : La Haine des clans. Guerres de Religion, 1559-1610 au Musée de l’Armée et Visages des Guerres de Religion au Château de Chantilly.
La Haine des clans. Guerres de Religion, 1559-1610 – Musée de l’Armée
La « part sombre » de la Renaissance : le musée de l’Armée ne pouvait trouver termes plus justes pour qualifier ces temps de mort et de barbarie. Depuis 1559 et la mort d’Henri II jusqu’en 1610 et l’assassinat d’Henri IV, La Haine des clans explicite le pourquoi du comment de cette crise profonde, la plus grave essuyée par la monarchie avec la Révolution française. S’appuyant sur une série de documents d’époque, d’objets, d’armures et d’armes, Laëtitia Desserrières, Christine Duvauchelle, Olivier Renaudeau et Morgane Varin, commissaires de cette exposition particulièrement complète, donnent à voir la logique de ce conflit meurtrier.
Clivages religieux, émergence du fanatisme, statut de la France sur l’échiquier politique européen, massacres et assassinats politiques, propagande à tout crin, ce parcours détaille les difficultés de gouvernance dans un pays déchiré par les factions, et dont Catherine de Médicis tente, comme elle le peut, de conserver la cohérence. Les pièces présentées conservent la mémoire tortueuse de cette époque passionnante, en mettant en évidence les différents protagonistes d’une tragédie qui laissera des marques durables dans les territoires de l’Hexagone.
Visages des Guerres de Religion – Château de Chantilly
Le Château de Chantilly revient lui aussi sur cette période funeste, en s’appuyant sue ces collections pour donner un visage précis à chacun des acteurs de cette tragédie nationale. Avec Visages des Guerres de Religion, il s’agit de s’interroger sur le rôle de l’image dans un conflit où la propagande est aussi importante que les faits d’arme et les tractations diplomatiques.
Confrontant catholiques extrêmes et huguenots intégristes, l’exposition met en évidence l’investissement total d’une noblesse qui fait vaciller par ses excès la couronne de France, avec l’aide des puissances étrangères et avec la volonté plus ou moins affirmée de s’en emparer. Pour contrer ce péril, le pouvoir en place, sous le règne d’Henri III principalement, doit se renforcer, par le faste des divertissements, des fêtes mais aussi par la beauté codifiée de sa représentation picturale. Une véritable leçon de diplomatie !
Musée protestant en ligne
Pour compléter ces deux événements eux-même partenaires, n’hésitez pas consulter le site du musée protestant en ligne. Outre la liste des différents sites physiques, musées, sociétés d’histoire, bibliothèques spécialisées dédiés à l’histoire du culte et aux Guerres de religion (vous verrez, il y en a beaucoup en France, aux Pays-Bas, en Allemagne, en Belgique), vous pourrez parcourir des expositions en ligne sur Calvin, Henri IV, Melanchton, les gravures de Tortorel et Perrissin sur les conflits religiieux.
Bref, une mine d’information précieuse et éclairante à plus d’un titre.