Qui a dit que la vogue du black and white était obsolète ? À l’heure où la couleur nous en met plein la vue par IA interposée, plusieurs expositions se proposent de nous ramener aux basiques de l’art, à savoir un trait noir sur une page blanche. Beaucoup même si l’on tient compte des musées de province, des galeries d’art et autres manifestations organisées çà et là aux quatre coins de notre belle France (et si en prime, on se tourne vers l’étranger, on a le tournis). Impossible donc de dresser une liste complète dans cette chronique. Nous nous concentrerons donc sur quatre manifestations : Noir & Blanc : une esthétique de la photographie à la BNF François Mitterrand, Julia Margaret Cameron, Capturer la beauté au Jeu de Paume, Trésors en noir et blanc au Musée du Petit Palais, En noir & blanc au Musée Réattu d’Arles.
Noir & Blanc : une esthétique de la photographie – BNF – Site François Mitterrand
Commençons notre périple au pays du black and white avec l’évènement phare de la saison, à savoir l’expo Noir & Blanc : une esthétique de la photographie proposée par la BNF François Mitterrand. Ou quand la vénérable institution dévoile certains des fleurons de sa collection photographique avec à la clé des pointures comme Nadar, man Ray, Willy Ronis, Diane Arbus, William Klein et j’en passe ? 300 tirages, 150 d’histoire de la photo en noir et blanc, puisque le propos est d’explorer les mutations de cette discipline ô combien délicate et fascinante.
Une discipline qui s’inscrit à l’origine même de la photographie, le daguerréotype étant noir et blanc. Mais depuis, que s’est-il passé ? Pourquoi choisir de s’exprimer en noir et blanc ? De quelles manières les artistes qui ont emprunté cette voie ont-ils fouillé, utilisé, repoussé les limites de cet univers spécifique où on joue en permanence avec l’ombre et la lumière ? Visitez ce parcours de haute volée pour le découvrir (et n’hésitez pas à consulter le dossier en ligne extrêmement complet approfondit encore plus le sujet).
Julia Margaret Cameron, Capturer la beauté – Jeu de Paume
Une pionnière de l’objectif ? Et plus encore. Dans notre quête du noir et blanc en expo, impossible de passer outre sur le parcours dédié à Julia Margaret Cameron, Capturer la beauté par le Jeu de Paume. Car d’expérimentation en expérimentation, cette grande artiste a posé les fondations du portrait moderne, non plus figé dans le carcan des conventions sociales qui régnaient en Angleterre au XIXᵉ siècle, mais chargé de fantaisie, d’émotion, de poésie.
De son temps, elle fut vertement critiquée. Aujourd’hui, on la considère comme une figure incontournable dans l’émergence de la photographie comme un art à part entière. Largement inspiré par les préraphaéliques, cette amatrice passée professionnelle du portrait se doutait-elle qu’elle était en train d’accoucher d’une vision beaucoup plus moderne et humaine, d’un art en devenir où l’inattendu et l’imperfection s’invitent comme un miracle de la création ? Éléments de réponse à détecter dans cette rétrospective magnifique.
Trésors en noir et blanc – Musée du Petit Palais
En matière de noir et blanc, il n’y a pas que la photographie. L’estampe avait ouvert la voie, des siècles auparavant. Avec des problématiques similaires ? La question peut se poser tandis qu’on se promène dans les salles de l’exposition Trésors en noir et blanc du musée du Petit Palais. Dürer, Rembrandt, Callot, Goya, Toulouse-Lautrec… les grands noms du genre dialoguent d’œuvre en œuvre pour nous dévoiler les mystères de cet univers captivant.
200 feuilles échappées des collections du musée nous rappellent la prépondérance de ce genre au fil des siècles ainsi que les différences techniques utilisées pour obtenir ces petites merveilles : gravure sur bois, eau-forte, burin, lithographie. Des gestes d’art qui perdurent au temps de la modernité, alors que la photographie docuement mais surement prend son essor. Comparer les deux types d’expression s’impose naturellement et c’est pourquoi ces deux expositions se complètent si bien.
En noir & blanc – Musée Réattu – Arles
Nos pas sur la route du noir et blanc nous conduisent maintenant loin de la capitale pour ralier le musée Réattu d’Arles qui consacre une exposition intitulée En noir & blanc à cette thématique décidément incontournable. Cet accrochage met en valeur des œuvres extraites de la collection du musée. Dessins, gravures, photographies, cette réflexion offre une synthèse saisissante des expositions évoquées précédemment.
Ombre et lumière, négatif et positif, vide et plein : comment joue-t-on du noir et du blanc pour créer une image, la faire surgir sur un support, page, tableau et autre ? Et pourquoi certains créateurs se spécialisent dans ces techniques quand d’autres y puisent épisodiquement une nouvelle source d’inspiration ? Pour y répondre, l’exposition fait la focale sur les travaux de Dora Maar, Sarah Moon, Marc Riboud, Lenni van Dinther et autres grands noms de l’art.