Amateurs de récits d’espionnage et de loosers magnifiques, si vous n’avez pas encore mis le nez dans Slow Horses, il est plus que temps de rattraper vos lacunes ! Car la série inspirée des romans de Mick Herron a un petit quelque chose d’iconique qui ne demande qu’à vous séduire durablement !
Purgatoire pour espions
Déboulant en 2022 sur Apple TV+, Slow Horses relate le quotidien de la Slough House. Ce vieil immeuble londonien, désuet et poussiéreux, sert de placard au MI5 ; en d’autres termes, c’est là qu’échouent les agents du Renseignement britannique ayant failli à leur mission. Une sorte de purgatoire pour espions ratés, en quelque sorte. Autant vous dire que les James Bond n’y sont pas légion… à moins qu’ils cachent bien leur jeu et que l’endroit récupère les plus rebelles, les plus indomptables, les plus inventifs ? Ceux qui n’arrivent pas à se fondre dans le système, les indés, les punks, les débrouillards ?
Les « Veaux » en français dans le texte sont justement gérés par un électron libre. Jackson Lamb, malgré son patronyme, n’a rien d’un doux agneau candide. Gloire passée de la Guerre froide, ce maître-espion sur le retour cache son ingéniosité et son expertise sous un bide de buveur de bière, une allure de clodo et un franc-parler de mufle. Entre deux rots, trois pets et un kebab, il rudoie son équipe, notamment le petit dernier, River, lui-même héritier d’un ancien espion d’envergure. Un raté de plus, ou un pro qui s’ignore ? L’avenir le dira au fil d’intrigues d’une complexité qui ravirait John Le Carré.
Une réalisation sans temps mort
C’est que nos loosers ont le chic pour se retrouver dans des emmerdes XXXL. Et comme tout le monde le devine en haut lieu, on les bombarde en première ligne des pires coups fourrés, en les jugeant corvéables et sacrifiables à merci. Sauf que les « Veaux » et leur leader ne manquent guère de ressort et d’inventivité quand il s’agit de trouver le pourquoi du comment, quitte à se brûler gravement les ailes. Ou nous faire hurler de rire. Parfois les deux en même temps. Raison de plus pour suivre leurs aventures qui ont un côté addictif assumé.
Car, pour ne rien gâcher, ces paumés sont ô combien attachants. Finement pensés par leur créateur, ils dénotent forcément : leur caractère, leurs ambitions, leurs méthodes, leur look jurent avec le décor, le côté aristo privilégié des favoris du MI5. En prime, tous ont quelque chose à prouver, une revanche à prendre sur la vie. Et ils le démontrent avec une agilité qui laisse bouche bée et une enfilade de séquences complètement barrées, servies par une réalisation sans temps morts et un casting de compétition où brillent Jack Lowden, Kristin Scott Thomas, Rosalind Eleazar, Saskia Reeves, Jonahtan price, Christopher Chung entre autres… ainsi qu’un certain Gary Oldman, particulièrement brillant pour camper un Jackson Lamb gargantuesque.
Résumons : regardez vite vite Slow Horses, c’est superbement joué, avec à la clé une narration sous speed, un humour noir très british, des situations complètement ubuesques, et une vision dépoussiérée du métier d’espion. Le petit plus ? La chanson du générique entonnée par Mick Jagger, rien que ça. What else ?
Et plus si affinités ?
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