Il y a peu, nous visitions l’exposition La naissance des grands magasins au MAD : une plongée passionnante dans un Paris haussmannien revisité de fond en comble à l’heure des grandes avancées de la révolution industrielle propulsée par le Second Empire. Comme son titre l’indique, le livre 24 heures dans la vie d’un restaurant – Paris 1867 aborde cette même période de mutation, mais du point de vue gastronomique. Une approche passionnante et étonnante !
Halles et soupers mondains
Docteur, enseignant et chercheur en Histoire contemporaine, David Michon a choisi comme domaine d’investigation la problématique de l’alimentation et de la gastronomie à l’ère moderne. C’est donc tout naturellement qu’il s’intéresse à l’émergence des restaurants dans la Ville-Lumière à l’heure où Napoléon III en fait une capitale monde concentrant tous les regards, attirant toutes les attentions, s’érigeant en cité modèle en matière de progrès technologique et marketing.
Pour mettre en exergue ces avancées, Michon relate le quotidien d’un établissement fictif, Chez Gustave. Depuis le petit matin et la visite des Halles où acheter les denrées nécessaires jusqu’aux heures avancées de la nuit, quand les soupers mondains se succèdent dans l’intimité des cabinets particuliers, l’auteur évoque le quotidien de ces restaurants qui participent du succès parisien, métropole de tous les plaisirs.
Une agora inédite
Comment fonctionne un restaurant à l’époque ? En quoi est-il le miroir d’une société française en pleine métamorphose ? De quelle manière l’évolution du régime alimentaire se reflète-t-il dans la création de menus inédits et particulièrement succulents ? Car le restaurant n’est pas seulement un endroit où l’on vient manger, savourer des recettes succulentes, des plats raffinés ; c’est aussi un espace d’échanges et de négociations, un lieu où on discute, on s’affiche.
Certains y affirment leur pouvoir, leur réussite. D’autres y affichent leur révolte, leur contestation. Le restaurant du Second Empire constitue une agora inédite ainsi qu’un business en pleine expansion, dont les métiers, les usages, la stratégie de vente se constituent alors, en parallèle de l’essor de l’industrie du luxe. Avec précision mais sans jamais nous lasser, David Michon dévoile les dessous de cet univers qui adopte alors de nouveaux process, met en avant des manières de faire aujourd’hui toujours d’actualité.
24 heures dans la vie d’un restaurant – Paris 1867 est une manière ô combien efficace de comprendre la logique présente de la gastronomie en scrutant avec attention ses racines, son émergence dans un siècle qui a posé le socle de notre monde actuel.
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