Les Folies Fermières : le cabaret au secours du monde rural

The Artchemists Les Folies Fermieres

Il y a des films qui te prennent par surprise, un peu comme une gentille caresse, un sourire que t’as pas vu venir et qui te cueille au moment où tu t’y attends le moins, où tu en as le plus besoin. Les Folies Fermières, c’est carrément ce genre-là. Réalisé par Jean-Pierre Améris en 2021, ce film nous entraîne dans le sillage d’un jeune fermier criblé de dettes qui va sauver l’exploitation familiale en transformant sa grange… en cabaret. Et c’est une histoire vraie.

Une ferme, des paillettes et du show

L’idée paraît complètement dingue, mais c’est bien là tout le charme. Au village, David a la réputation d’être un brin paumé, un rêveur qui n’a pas les épaules de maintenir l’exploitation familiale à flot. Quand la banque lui met la pression, il n’a plus guère le choix que de se foutre en l’air… ou de déclencher un miracle. Et là, illumination : pour sauver sa ferme, il va ouvrir un cabaret. Parce que vendre des patates et des œufs dans un patelin paumé, c’est pas évident. Il faut faire venir du monde et pour ça, il faut créer l’envie, l’intérêt en jouant sur le manque. Or qu’est-ce qu’il manque dans cette campagne perdue ? de la distraction. Du divertissement. De l’Ailleurs. Du rêve.

Épaulé par Bonnie (Sabrina Ouazani), une pole danseuse de talent qui veut fuir son patron, David (Alban Ivanonv) recrute une troupe, élabore un spectacle, transforme sa grange en salle. Tout le monde met la main à la pâte. La réussite sera-t-elle au bout du chemin ? Bien sûr, puisque Les Folies fermières existent vraiment, et qu’elles continuent d’attirer un public ravi. Mais l’objectif du film est autre : au travers de cette success story, il s’agit d’illustrer une rencontre entre deux univers jugés incompatibles, la ruralité profonde et le glamour des scènes de spectacle. Un mélange pas si improbable : les deux mondes sont sans pitié, exigeants, vampiriques. Mais passionnants.

Une ode à la persévérance

Loin d’être une comédie loufoque, Les Folies fermières illustre une leçon de persévérance. David, c’est le mec qui lâche rien, même quand tout le monde le prend pour un demeuré. Il croit en son projet, contre vents et marées. Et finalement, en montant un spectacle, il va réinventer son propre avenir et celui de sa ferme. C’est un peu un pied de nez à toutes les galères qu’il a rencontrées, et ça, ça fait un bien fou à voir.

Là où Les Folies Fermières touche juste, c’est dans sa manière de mélanger le rire avec la réalité. Parce que derrière les gags et les moments de show, y’a une vraie réflexion sur la crise agricole, le désespoir des fermiers, et cette volonté de trouver des solutions, aussi improbables soient-elles, pour ne pas sombrer. David, c’est un peu le symbole de cette France rurale qui refuse de baisser les bras, qui cherche des solutions là où personne n’aurait osé regarder.

Des acteurs en phase avec le délire

Casting de choc ! Alban Ivanov dans le rôle de David est juste parfait. Il apporte cette touche d’humour et de tendresse qui rend le personnage vraiment attachant. Face à lui, Sabrina Ouazani, performeuse de choc qui se découvre des talents de meneuse de revue, complète bien ce duo improbable de loosers magnifiques qui inversent les pronostics.

Les seconds rôles ne sont pas en reste, Bérengère Krief, Michèle Bernier, Guy Marchand, Moussa Masskri… chacun apporte sa petite touche de folie et de délicatesse au film. Mais c’est surtout cette ambiance générale, cette atmosphère entre ruralité brute et show à l’américaine, qui donne toute sa saveur au film.

Un hommage à la France créative

Les Folies Fermières c’est aussi un hommage à la France des terroirs et au monde des planches, qui regorgent de ressources et d’idées pour s’en sortir. Le film joue avec les clichés, les détourne, et au final, il nous montre que même dans les endroits les plus reculés, on peut faire preuve de créativité et d’audace. C’est un joli pied de nez à la morosité ambiante et à tous ceux qui pensent que la campagne, c’est juste des tracteurs et des foins, que le cabaret, c’est juste des nichons et des saltimbanques.

Cabaret, drame rural, histoire d’amour, de volonté, rêve qu’on réalise envers et contre tout et tous : Les Folies fermières est une vraie bouffée d’air frais. On en ressort avec le sourire, un brin ému, et surtout plein de respect pour ces gens qui, comme David, n’abandonnent jamais leurs rêves, aussi fous soient-ils. Alors, si t’as besoin de rire, de t’évader un peu, et de te rappeler que même les idées les plus dingues peuvent porter leurs fruits, tu sais quoi regarder ce soir.

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Padme Purple

Posted by Padme Purple

Padmé Purple est LA rédactrice spécialisée musique et subcultures du webmagazine The ARTchemists. Punk revendiquée, elle s'occupe des playlists, du repérage des artistes, des festivals, des concerts. C'est aussi la première à monter au créneau quand il s'agit de gueuler !