MaMA 2024 : zoom sur nos trouvailles musicales !

The Artchemists Artistes MaMA 2024

C’est quand même un peu l’idée à la base. Aller au MaMA = repérer des musiciens, des groupes, valeurs montantes, jeunes pousses prometteuses. Et artistes venus d’ailleurs, 40 % en moyenne pour cette édition 2024. L’ensemble est réparti en catégories, disons rap, rock, folk, chanson française (parce que quand même la francophonie, quoi !).

Foire à la saucisse musicale ?

À partir de là ? Foire à la saucisse ? Que nenni. Chacun va chercher non pas son chat, mais sa pépite mélodique, le cocktail qui lui fera chavirer le cœur, bouger le popotin et filer des grosses envies de programmation. Je n’échappe pas à la règle ; quand je passe le line-up du MaMA au crible, je suis en quête DU coup de cœur.

Désespérément, devrais-je ajouter, moi qui aurais tendance à me lamenter sur la platitude plancheàpanesque du paysage musical international. PMI dont il faut quitter d’urgence les autoroutes mainstream pour parcourir les chemins de traverse et autres maquis créatifs où prospèrent dans l’ombre des champignons musicalo-hallucinogènes de très grande qualité.

Dénicher la perle rare

Champignons qui quelquefois se retrouvent embarqués dans l’aventure MaMA par la grâce des muses, des dispositifs de repérage de talents et autres festivals, labels, SMAC aussi désireux que moi de dénicher la perle rare. Question donc : combien de perles rares pour cette 15eme édition ? Pas évident de se repérer dans cette fourmilière.

Une centaine d’artistes ont pris d’assaut le festoche trois jours, investissant salles et bars de Pigalle pour autant de lives qui frénétiques, qui concentrés, qui recueillis. Des lives auxquels du reste je n’assiste pas, étant coincée dans ma cambrousse (public éloigné/empêché qu’ils disent au ministère, je traduis 1h30 de Paris en RER, la cinquantaine + 20 kg bien que toujours dynamique, et un peu ras-le-bol de me niquer les chevilles à galoper d’une salle à l’autre).

Primo playlist et échantillons coups de coeur

Résultat : écoute dans mon home sweet home, qui débouche sur un premier tri et pas de recalés, mais une primo playlist où vous découvrirez l’ensemble de la prog moins mes crushes (et vous apprécierez au passage l’ampleur de l’affiche) :

Bon, cela étant acquis, évoquons ceux qui ont retenu mon attention, ce qui revient à 1/6eme de la prog initiale (un ratio plus qu’honnête) dont voici les noms balancés dans le désordre, avec un petit échantillon musical en prime. C’est parti !

Syqlone

Honnêtement, ça claque ! Syqlone n’a pas choisi son nom de guerre par hasard. La dame pratique le cyber-chaâbi comme d’autres, le sport de combat, et avec un talent, une maestria rares. Les musiques tradis maghrébines et arabes, elle les cuisine en mode electro bass musique et pas dans la tendresse. Bref j’adore !!!!

Getdown Services

Moustachus/dodus/velus : Josh et Ben, les deux potes de Getdown Services, savent booster une salle, la preuve en image et en son. A leur crédit, un sens évident du groove, un mélange bien dosé de rock, de pop, de Krautrock, des textes où ils rongent la nonchalance moderne comme des clébards un os. Franchement prometteur !

Baby Bersek

Amsterdam/Toronto : voici l’axe géographico-culturel qui a accouché du trio Baby Bersek. Electro, new wave, disco mais encore ? Le son du groupe est tout droit marqué au bon sens glacial des 80’s avec une touche glamour qui ferait craquer la banquise si elle n’était pas déjà en train de se disloquer. « Dansons sous les bombes » titrait Patrice Eudeline. Pour sûr, ce serait au rythme de Baby Bersek !

Joao Selva

Soleil dans la voix, lumière des accords, Joao Selva porte avec lui les merveilles d’une musique brésilienne où se mêlent des accents africains, caribéens. Douceur, douceur, chaleur, chaleur : on savoure, on se laisse porter, on apprécie : le cocktail coule tout seul, et ça fait beaucoup, beaucoup de bien.

Bibi Club

Poésie, quand tu nous tiens… le duo canadien Bibi Club puise son inspiration dans le quotidien, la puissance des sentiments, le mystère des attaches, l’attraction des êtres. Le tout se cristallise sur une ligne mélodique qui a tout de la ritournelle, de la comptine pour enfants déclinée en accents synthétiques d’un charme fou.

Théa

Pas facile d’être une gamine dans le monde actuel ? Théa a pris le taureau de la vie par les cornes et se lance dans une corrida musicale pensée comme un grand cri de rage. Si les gnons sont au programme, le public en prend son lot, autant que la chanteuse qui rend coup pour coup. Emo-core pulpeux, juteux, scabreux : la recette est d’une efficacité inouïe !

Soeurs Malsaines

Derrière ce patronyme pour le moins inquiétant, un collectif dont les membres sont répartis sur l’ensemble du territoire. A la clé une techno ultra-léchée et agressive pour des textes au scalpel qui dénoncent avec cynisme le mal-être ambiant, l’intolérance, la difficulté d’exister, quand on est femme, homo, hors normes. Forcément, ça fait beaucoup de monde. La musique de Soeurs malsaines s’érigent donc en porte voix pour nombre d’entre nous. Fédératrice, sans concession, entière. Engagée.

Rust

Le Liban et la Syrie rassemblé en un duo séjournant à Prague : plus cosmopolite que Rust, tu meurs ? Petra et Hani distillent dans leurs compos toute la beauté de la musique traditionnelle arabe, rehaussée de sonorités electro travaillées avec justesse et poésie. La voix, la langue, les mots se posent sur les cadences avec grâce et aisance ; la magie opère sans même qu’on s’en rende compte. Merveille…

Luana Flores

Le sens du rythme, du folklore, du théâtre : un set de Luana Flores, c’est un peu de tout ça et plus encore. Un shoot d’énergie pure et dure, une jolie folie qui hybride les influences, les genres sur un rythme dément. Brésil oblige, le croisement des cultures s’opère naturellement dans ce torrent musical fait pour hypnotiser ceux qui l’écoutent. Attention, sorcellerie à l’oeuvre pour vous envouter !

Meltheads

Militant pour un post punk résolument explosif, le quatuor anversois n’y va pas par quatre chemins pour vous coller ses tracks en pleine tronche avec la grâce d’un bourreau s’acharnant à coup de hache sur l’échine d’une comtesse. Allez savoir pourquoi, en écoutant Meltheads, je pense aux regrettés Von Pariahs. Comme quoi il existe encore des rock’n’rolla pour bradir haut et ferme l’étendard de la rébellion ! Ouf, me voici rassurée !

Madam

Trois petites minettes qui crachent leur rock épais et épineux comme d’autres balancent des pavés dans les vitrines : Madam occupe l’espace et ne compte pas déposer les armes, au contraire. Douées, c’est incontestable, ces demoiselles occitanes excellent à secouer la scène lors de lives consistants et généreux où il fait bon pogoter pour le meilleur du meilleur. Pourquoi s’en priver, que diable ?!

Shobra Elgeneral

Chantre de l’electro-shâabi, l’Egyptien Shobra El General propose des mélodies ciselées comme les arabesques d’un palais qu’on aurait propulsé dans l’espace. Une sorte de Millenium Falcone qui fend les constellations pour revisiter les 1001 Nuits en mode rave party. Beaucoup, beaucoup de personnalité dans ces compositions où la voix fait écho aux instruments pour un effet de fusion sidérant.

Maya Kamaty

Pop urbaine créole ? Réducteur. Maya Kamaty dynamite les cases et les chapelles pour imposer sa royale attitude, son univers. Rien de dire que la dame a beaucoup de chien, une élégance innée, une énergie peu commune, la prestance d’une diva et le talent qui va avec. Le potentiel, éclatant, aveugle, qui envahit la scène tandis qu’elle enchante l’audience, la domptant comme le ferait une déesse d’un cheval en colère. Ouais, une déesse, je ne vois que ce mot-là.

JOUBe

Un amoureux des sons doublé d’un Géo Trouvetou avec l’âme d’un Raymond Poulidor : JOUBe milite pour une electro chargée d’émotion et d’originalité. Au centre de son univers, un vélo de course transformé par ses soins en platine/machina/table de mixage. Honnêtement, ça en jette, c’est innovant, surprenant, éco-friendly, engagé, onirique. En résumé, le genre d’expérimentation qui s’écoute, s’observe, se rêve.

Nathalie Froelich

Suissesse, rapeuse, et la langue bien pendue : Nathalie Froelich fonce dans le tas et ne fait pas de quartier. Break, bass, hip hop, le tout inondé de paroles à la TNT… gare à l’impact, vous serez à genoux… et vous risquez fort de supplier pour en remettre une couche. Car la sorcière a un p….n de talent, de l’abattage, des choses à hurler/renvendiquer. Bref, elle est taillée sur mesure pour cette mission et elle s’en acquitte avec les honneurs !

Jungle Sauce

Pas de MaMA qui tienne sans un power trio qui arrache. C’est Jungle Sauce qui s’y colle pour accoucher d’un electro rock servi en bleu de chauffe ! Fusion au poing, les trois loulous originaires des Hauts-de-France jonglent avec les sons, les tessitures, les rythmes, multipliant les cassures de cadence avec la virtuosité d’acrobates entre jazz cosmique et rock débridé. Un régal !

DVTR

Du nerf, du nerf, le punk des Canadiens DVTR ne fait pas dans la dentelle et n’a aucune pitié. Pas de froufrous donc, mais derrière le bordel apparent, la rigueur est de mise, comme en témoignent des compos structurées en mode brutaliste, sur lesquelles s’enroulent des paroles scandées comme des mantras, des riffs crus hurlés en pleine transe. Honnêtement, ça fait du bien par où ça passe !

Ikan Hyu

Bon, elles ont l’air tout choupi mignon vu comme ça, mais quand vous les lâchez sur scène, les Suissesses de Ikan Hyu ne s’en laissent pas compter. On a beau remballer le chocolat et la fondue, planquer les lingots dans les coffres, ces deux furies ont bien l’intention de commettre le hold-up du siècle, et elles, elles le font avec fougue, talent et panache. On croyait le rock moribond ? Ces dames lui ont appliqué un massage cardiaque des plus efficaces. On en redemande !!!!!

Bon si vous êtes arrivé.e jusque-là, bravo, votre courage et votre abnégation ne sont plus à prouver. Votre amour de la musique et des jeunes talents non plus ! Le MaMA 2024, commeses prédecesseurs, a rempli le contrat avec maestria. Du talent émergent, de l’artiste venu d’Ailleurs, nous avons fait le plein, convaincus que les musiques actuelles ont encore beaucoup de choses à nous dire. Tant mieux !

Et plus si affinités ?

Vous avez des envies de culture ? Cet article vous a plu ?

Padme Purple

Posted by Padme Purple

Padmé Purple est LA rédactrice spécialisée musique et subcultures du webmagazine The ARTchemists. Punk revendiquée, elle s'occupe des playlists, du repérage des artistes, des festivals, des concerts. C'est aussi la première à monter au créneau quand il s'agit de gueuler !