Cette saison, le musée du quai Branly nous invite à une exploration macabre et fascinante des frontières entre la vie et la mort. Avec l’exposition Zombis. La mort n’est pas une fin ?, nous pénétrons l’univers mystérieux des non-morts issus des croyances vaudou haïtiennes et de la pop culture mondiale. Un parcours savamment orchestré qui invite à redéfinir nos certitudes.
Justice et malédiction
Créature horrifique par excellence, le zombi dépasse ici le cliché de l’épouvantail de chair en décomposition popularisé par Hollywood. Sous la direction de l’éminent légiste et anthropologue Philippe Charlier, l’exposition nous guide à travers des récits où magie, histoire coloniale et rituels vaudous se rejoignent pour évoquer l’effroi de l’oubli, la résilience face à l’oppression, la terreur d’une existence suspendue entre deux mondes.
Dès l’entrée, une armée de guerriers Bizango nous attend, figures énigmatiques des sociétés secrètes haïtiennes, incarnation de juges invisibles régnant sur les morts et les vivants. La scénographie, précise et évocatrice, magnifie cette esthétique funéraire vaudou, jouant sur des symboles aussi puissants que dérangeants. Chaque poupée, chaque relique présentée en ces lieux semble chargée d’une histoire où justice et malédiction se confondent.
Icône d’une angoisse moderne
Mais l’exposition ne se contente pas de revisiter les croyances haïtiennes. Elle nous invite aussi à découvrir l’évolution de la figure du zombi dans la culture populaire, depuis son entrée dans la littérature avec Le Zombi du grand Pérou (1697) jusqu’à son explosion cinématographique avec White Zombie (1932) et La Nuit des morts-vivants de Romero. Comment cette figure mythologique est-elle devenue l’icône d’une angoisse moderne, celle d’une apocalypse virale ?
L’exposition interroge ce passage, mêlant œuvres d’art, extraits de films, et objets rituels pour nous immerger dans cet imaginaire collectif. À travers cette lentille anthropologique, on redécouvre également l’ampleur de la zombification comme symbole historique de la lutte contre l’asservissement. De Haïti aux routes de l’esclavage, les zombis rappellent les cicatrices d’une histoire douloureuse, où l’être humain réduit à l’état de non-mort incarne la perte ultime de liberté.
Ainsi, Zombis. La mort n’est pas une fin ? se veut une réflexion sur la condition humaine, sur nos peurs primales et notre quête de sens face à l’inexplicable. Entre fascination et effroi, l’expérience immersive s’étend jusqu’au 16 février 2025, et, soyons honnêtes, vous n’en sortirez pas tout à fait indemne.
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