Que reste-t-il de la lutte des classes ? Pas grand-chose à l’heure du capitalisme triomphant ? Heureusement, il reste encore quelques trublions pour nous rafraîchir la mémoire et cultiver l’esprit de révolte. Dixit le tandem Kerven/Delépine qui accouche en 2008 d’un délicieux petit OFNI (objet filmique nommément identifié) intitulé Louise-Michel. Un biopic de la légendaire Communarde ? Plus un hommage, un héritage, un clin d’œil. Et au passage, une déculottée pour les dérives du patronat.
Chasse au PDG
Un p’tit pitch ? Direction une petite usine de Picardie où travaille la grande, massive et énigmatique Louise. Un matin, Louise et ses collègues ouvrières ont la mauvaise surprise de découvrir les locaux complètement vides : leur patron a déménagé l’ensemble des machines pendant la nuit, les laissant sans emploi. Bien décidées à se venger, elles décident de mettre en commun leurs indemnités pour engager un tueur à gages chargé d’éliminer leur ancien patron. Louise, qui leur a un peu soufflé l’idée, prend en main cette mission. Elle recrute Michel, assassin professionnel un brin mytho et particulièrement incompétent. Ensemble, ils vont traquer l’indélicat PDG au fil d’un road movie aussi burlesque qu’improbable.
Humour décalé, satire sociale
Louise-Michel : le tandem Yolande Moreau/Bouli Lanners prête vie à ce couple surprenant qui jongle avec les genres, les codes. Humour décalé, satire sociale : le monde du travail apparaît dans toute son absurdité, sa cruauté. La quête des deux vengeurs met en lumière les sombres saloperies que cachent l’univers de l’entreprise, machine à broyer les êtres. Seulement voilà : quand les êtres se rebiffent, cela peut aller loin, très loin. Esprit communard, sors de ces corps ? Louise Michel, Michel Louise. La détermination de nos héros, leur maladresse les rendent d’autant plus émouvants que nous nous identifions à leurs malheurs.
Au bout du délire
Qui n’a pas un jour eu envie de zigouiller un manager toxique, un PDG cynique ? Louise.Michel vont aller au bout du délire. Le duo d’acteurs fonctionne à merveille, drôle sans jamais tomber dans le grotesque. La mise en scène, minimaliste, renforce l’aspect absurde du récit. Les apparitions de figures emblématiques comme Benoît Poelvoorde en inventeur paranoïaque, ajoutent un côté familial à ce récit détonnant et engagé. Feel good movie par excellence, Louise-Michel va vous faire rire et cogiter, peut-être même réagir, c’est le but.
Et plus si affinités ?
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