« The Franchise » : splendeurs trompeuses et grosses misères des films de super-héros

The Artchemists The Franchise

Cela a probablement été l’un de nos derniers coups de cœur de 2024 ; visionnée au milieu des cartons de notre déménagement, la série télévisée The Franchise nous a beaucoup fait rire. Il faut dire qu’on a rarement fait aussi déjanté dans la satire, et quelle satire. Dans le viseur, la prod des films de super héros. Et ce n’est rien de dire que ce type d’industrie du divertissement en prend plein la tronche.

Absurdités et compromis

Créée par Jon Brown, Armando Iannucci et un certain Sam Mendes, The Franchise relate les dessous pour le moins tumultueux du tournage d’un film appartenant à une franchise de super-héros. Au coeur de ce véritable Pandémonium, Daniel Kumar, premier assistant réalisateur, qui essaie de mettre un semblant d’ordre dans le chaos quotidien du tournage. À la clé, la finalisation de l’improbable Tecto: Eye of the Storm, oeuvre de seconde zone au sein d’une vaste franchise de super-héros qui, à force de multiplier les prequels et autres spin-off, en a perdu son ADN pour tomber dans le grotesque.

Absurdités et compromis, caprices des acteurs, diktats des producteurs, folie des grandeurs du réal, rien n’a plus de sens dans cet univers où domine la loi du bénéfice, le mercantilisme absolu et la bétise crasse. Plus on fait con et facile, mieux c’est. Il ne manquerait plus qu’on fasse réfléchir les spectateurs dont le temps de cerveau disponible est pompé par le placement produit et le soft power à deux balles. Un crève-coeur pour une équipe de tournage vouée à l’amour du cinéma, mais qui doit faire profil bas car il faut bien bouffer. Et il n’y a plus que ce secteur qui embauche.

The Franchise fonce dans le tas

Bref Daniel et sa team rapprochée vont en chier, sous la férule d’un metteur en scène émotionnellement instable, d’un représentant des studios complètement barré et un brin menaçant, d’acteurs au mieux capricieux, au pire irresponsables et surtout nuls de chez nuls. Sans compter les accidents de studio, décors pourraves, changements de scénar, exigences des sponsors, coupures de budgets et autres gracieusetés qui vous feront passer l’envie de travailler dans le cinéma, mais vont vous faire hurler de rire, car franchement il y a de quoi.

Burlesque certes, mordant il n’y a aucune doute, The Franchise fonce dans le tas et ça fait du bien. Car on n’en peut plus des super-héros qui boulottent tout l’espace créatif et vampirisent les fonds qu’on pourrait allouer à des projets d’envergure VRAIMENT originaux. Sans compter que les intrigues sont loin d’être ce qu’il y a de plus pointu au niveau narratif. Là on serait plutôt dans le discount/bas de gamme. Une escroquerie intellectuelle et artistique qui rend le spectateur encore plus crétin et étouffe à la racine l’originalité et le talent.

Un rythme frénétique, un casting à se pâmer

Chacun des 8 épisodes donne à explorer une facette de cette vaste dérive de fric et d’intelligence, avec son lot de gags et de répliques bien senties qui font mouche à chaque fois. En surface, on se marre gravement, mais sous le vernis de la rigolade, on gamberge pas mal sur une industrie cinématographique qui s’enferre dans le médiocre et la bêtise. Avec pareil régime, impossible désormais de produire des pointures comme Le Parrain ou Apocalyspe Now. Constat navré et sentiment d’impuissance ? Ou volonté farouche d’en découdre et de faire bouger les choses ?

Diffusé par HBO dont on connaît les exigences qualitatives (Game of Thrones, Les Soprano, Six feet under…), The Franchise est tourné aux petits oignons sur un rythme frénétique avec en prime un casting à se pâmer : Himesh Patel, Daniel Brühl, Richard E.Grant, Aya Cash, Billy Magnussen, Lolly Adefope, Jessica Stevenson, Darrel Goldstein et consort… Tout ce petit monde est à l’unisson pour booster cette cadence infernale et apporter au rendu une touche très singulière entre Monty Python et Steve Martin.

Le tout est un pur régal, fait pour se bidonner tout en secouant les méninges. À ne louper sous aucun prétexte !

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Padme Purple

Posted by Padme Purple

Padmé Purple est LA rédactrice spécialisée musique et subcultures du webmagazine The ARTchemists. Punk revendiquée, elle s'occupe des playlists, du repérage des artistes, des festivals, des concerts. C'est aussi la première à monter au créneau quand il s'agit de gueuler !