
La Bibliothèque nationale de France vient d’inaugurer une des expositions les plus ambitieuses de cette année : Apocalypse. Hier et demain. Ce parcours saisissant s’inspire de l’Apocalypse de Saint-Jean, texte biblique d’une puissance iconographique inégalée, qui a façonné notre culture à travers les siècles. Il ne s’agit pourtant pas ici d’illustrer un cataclysme inéluctable mais de fouiller méticuleusement la notion même d’apocalypse et la manière dont elle fut déclinée au fil des siècles.
Passage douloureux et lumière nouvelle
Le terme « apocalypse » (étymologiquement « révélation » ou « dévoilement ») est détourné de sa connotation moderne de fin du monde pour évoquer un double sens : celui d’une lumière nouvelle, une ère de transformation, et celui d’un passage douloureux mais nécessaire. L’exposition nous plonge dans cette dimension duale, qui se déploie en trois grands chapitres : Le Livre de la Révélation, Le Temps des Catastrophes, et Le Jour d’Après.
Terreur ou fascination
Le parcours commence avec une immersion dans «Le livre de la révélation », où des manuscrits médiévaux d’une beauté stupéfiante, tel le Beatus de Saint-Sever, nous révèlent les visions mystiques et apocalyptiques de l’auteur, souvent interprétées à travers des enluminures et des tapisseries. L’exposition met en exergue la puissance visuelle des scènes bibliques comme les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse, les Sept Trompettes, et la Chute de Babylone. Ces représentations, oscillant entre la terreur et la promesse d’un monde meilleur, ont fasciné des artistes comme Albrecht Dürer, William Blake ou Otto Dix.
De la destruction à l’espoir
Dans la deuxième section, «Le temps des catastrophes », nous découvrons comment les catastrophes, réelles ou imaginées, ont été perçues et interprétées à travers les siècles. De Goya à Brassaï, des œuvres poignantes témoignent des horreurs de la guerre et des révolutions. paradoxalement, plus qu’un simple constat de destruction, ces œuvres ont souvent porté en elles l’espoir d’une régénération. Les peintures de Francisco de Goya, telles que Les Désastres de la guerre, s’imposent comme des reflets du monde moderne, à une époque marquée par des bouleversements sociaux et politiques.
Reconstruire le monde
Mais c’est la dernière partie de l’exposition, «Le jour d’après », qui éveille particulièrement l’imaginaire. Dans un monde où les catastrophes sont devenues une réalité quotidienne, entre guerres, crises écologiques et menaces nucléaires, l’exposition présente des œuvres contemporaines qui s’interrogent sur ce « jour d’après ». Ce jour qui, loin de la fin, est une invitation à imaginer la reconstruction d’un monde nouveau. Des artistes comme Kiki Smith et Otobong Nkanga abordent ce thème avec une énergie créatrice qui, loin de céder à la résignation, forge un avenir potentiellement meilleur, fondé sur une relation renouvelée avec la Terre.
Une éternelle quête de sens
En parallèle des œuvres visuelles, l’exposition Apocalypse. Hier et demain se distingue par sa programmation immersive, incluant des films et des conférences qui permettent au public de creuser plus profondément l’influence du texte biblique sur la culture et l’art, des classiques du cinéma comme Metropolis de Fritz Lang à Melancholia de Lars von Trier. Cette exposition, véritable voyage à travers les âges et les visions du monde, nous invite à interroger à 360 ° non seulement la fin des temps mais aussi le commencement de quelque chose de nouveau, un renouvellement perpétuel. En traversant les âges, de l’Antiquité à la contemporanéité, Apocalypse révèle l’éternelle quête de sens derrière les catastrophes et l’espoir qui, malgré tout, persiste à chaque fin.
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