Exposition En piste ! Clowns, pitres et saltimbanques : un hommage vivant et poignant signé Macha Makeïeff

The ARTchemists Exposition En Piste

Avec l’exposition En piste !, le Mucem se transforme en chapiteau. Dans un labyrinthe de lumières et de silhouettes flottantes, Macha Makeïeff évoque le monde des clowns et des amuseurs tel qu’il s’est décliné au fil du temps. Un parcours fait de paillettes, de magie et de nostalgie.

Un théâtre des illusions, grandeur nature

Imaginez un vestibule de bonimenteur, des pistes dressées dans une nef d’exposition, des cagibis comme autant de coulisses… Voilà l’univers que propose cette exposition-spectacle, conçue comme une traversée onirique dans la mémoire des arts forains, du théâtre, du cirque et du cinéma populaire. Ici, les objets jouent leur dernière scène, les décors sont effondrés, les costumes usés, mais l’émotion est intacte. Mieux : elle palpite.

La metteure en scène Macha Makeïeff, que l’on ne présente plus, y orchestre une danse tragico-burlesque de 600 pièces : têtes de marionnettes, costumes de clowns brodés de paillettes, accessoires oubliés, mais aussi chefs-d’œuvre signés Picasso, Niki de Saint Phalle, Chagall, Claude Cahun, Bergman, Agnès Varda, ou encore Pierrick Sorin. Autant de noms que de vibrations, réunis dans un décor qui fuit la vitrine statique pour proposer l’immersion totale. Pas d’étiquettes didactiques, mais une narration spatiale, sensorielle, presque charnelle.

Une fresque sensible du monde saltimbanque

En piste ! ne raconte pas seulement l’histoire des arts du spectacle. Elle rend hommage à celles et ceux qui les ont portés, corps et âme, jusqu’à l’épuisement, jusqu’à l’oubli. On croise Annie Oakley, tireuse d’élite féministe avant l’heure, Théodora, impératrice venue des tréteaux, ou encore Yanco, magicien flamboyant des faubourgs toulousains. Des figures de l’ombre, des artistes de l’éphémère dont la gloire fut souvent inversement proportionnelle à la reconnaissance publique.

Loin de l’exotisme décoratif, l’exposition assume un propos social, politique même : les artistes de foire, les clowns fatigués, les enfants prodiges brisés par le cirque, les freaks sublimes qui dérangent l’ordre des corps… tous deviennent les emblèmes d’une humanité cabossée mais debout. On ne sort pas indemne de ce musée-forain : le rire se coince parfois dans la gorge, et le merveilleux tremble d’un soupçon de tristesse.

Le Mucem comme machine à rêver

La scénographie, conçue comme une fiction mouvante, est un bijou de dramaturgie spatiale. Jean Bellorini éclaire les souvenirs, Sébastien Trouvé les habille de sons. On entre dans une loge d’artiste, on flâne sous des trapèzes, on frôle une Nana renversée. L’exposition est pensée pour que le visiteur ne reste pas spectateur : il déambule, s’attarde, perd ses repères. Et retrouve peut-être, au détour d’un costume élimé ou d’une boîte à maquillage, son propre reflet.

Macha Makeïeff signe ici une œuvre totale, hantée par la question du « après » : que reste-t-il des spectacles disparus ? Que deviennent les artistes quand la lumière s’éteint ? En convoquant l’esprit des saltimbanques, En piste ! nous tend un miroir : le théâtre de leurs vies n’est-il pas un reflet de nos propres existences ?

Pour en savoir plus et préparer votre visite, consultez le site du Mucem.

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Dauphine De Cambre

Posted by Dauphine De Cambre

Grande amatrice de haute couture, de design, de décoration, Dauphine de Cambre est notre fashionista attitrée, notre experte en lifestyle, beaux objets, gastronomie. Elle aime chasser les tendances, détecter les jeunes créateurs. Elle ne jure que par JPG, Dior et Léonard.