Représentante incontournable de l’art brut, l’Américaine Judith Scott n’en finit plus de poser question. Ses œuvres ? Des sculptures qui entremêlent les fils de l’existence en une trame d’autant plus complexe qu’elle est tissée par une artiste trisomique.
Une vocation tardive
Cette vocation est apparue sur le tard. À 44 ans, après plusieurs années de placement dans diverses institutions spécialisées où elle ne trouve pas sa place, Judith entre au Creative Growth Art Center à Oakland, qui aide les personnes handicapées en les invitant à développer leur expression artistique.
Un moyen d’expression
Judith Scott se met alors à sculpter des cocons multicolores qui interpellent vite scientifiques, artistes, critiques d’art et collectionneurs. Ses oeuvres constituent des « objets magiques, secrets, puissants », une « pratique de la sculpture désinvolte à l’égard du tissage et des formes traditionnelles », … et son seul moyen d’expression puisqu’elle est sourde et muette.
Une dimension presque mystique
Mais ce facteur physique peut-il expliquer à lui seul la fascination qu’exercent ces cosses textiles que la sculpteure tient contre elle comme un fœtus ? Une œuvre d’une force incroyable, animale, spontanée, et qui gagne une dimension presque mystique, suspendue qu’elle est dans les airs, se lovant sur le sol ? Une œuvre à voir, à vivre, à respirer… ? Certes, mais convient-il de l’expliquer ? Est-ce seulement possible ? Est-ce seulement souhaitable ?