Grand, large d’épaules, cheveux noirs gominés, look rockabilly, visage de boxeur. L’un des compositeurs électro les plus marquants de sa génération n’a vraiment pas le physique de l’emploi. Qui croirait que ce géant aux gestes doux et maladroits compose seul et férocement dans son antre depuis maintenant 1997 ?
20 ans et des poussières qu’il secoue la scène électro, apposant ses compos sombres sur les délires classy de la french touch. Du duo Black Strobe formé avec Ivan Smagge, il demeure le seul pilier, transformant le groupe en trio puis en label, conservant le look punk arty qui a bercé ses jeunes années.
Epris de digital – nous vous l’expliquions en chroniquant son dernier né Someone gave me religion – il cherche sans fin à restituer le son vintage au travers d’un esprit moderniste. « L’intemporalité » nous dira-t-il en entretien. Capable de s’extasier comme un gosse lorsqu’il récupère un synthé de la marque favorite des Dépêche Mode, il sait également se montrer rassembleur, voire précurseur.
Ainsi Blackstrobe le label a vocation à accueillir et produire des jeunes artistes. Museum a essuyé les plâtres, avec bonheur puisque le groupe a été sacré Découverte Electro Printemps de Bourges 2012. Et Rebotini d’en parler avec un grand sourire et une simplicité tranquille, contenue, lucide.
Normal presque pour ce vieux briscard expérimenté. Travail sur les synthés vintage, pas ou peu d’utilisation de l’ordinateur, son futur album sera un mélange de toutes les tendances abordées par Blackstrobe, pour « en faire un tout à peu près cohérent ». On en voit déjà un écho dans son travail avec Mixhell « Blast from the past » :
http://www.blackstrobe-mixhell.blackstroberecords.com/BSR007/index-public.html
Cohérence dont on comprend la portée lorsqu’on regarde les titres qui baptisent chaque morceau. Un questionnement très long chez Rebotini : «Tout est dans le titre » nous explique-t-il, faisant alors référence à l’art abstrait et Dali, partant du principe qu’il faut « mettre du langage là où il n’y en a pas ».
A ce stade de réflexion – le monsieur n’hésite pas à évoquer le principe psychanalytique que la musique est là pour répondre aux troubles du langage – quoi de plus normal que Rebotini ait hérité cette année de la charge de président du Jury des Qwartz Awards 2012 ?
C’est d’ailleurs là que nous le rencontrons pour en savoir un peu plus sur sa vision des musiques nouvelles. Une vision claire.
Comment définissez-vous les musiques nouvelles ?
L’émergence des musiques expérimentales issues de la pop et du rock. Des musiques à prétention artistique plus que commerciale. Des artistes qui ne font pas de musique classique ou contemporaine, qui ne rentrent pas non plus dans le créneau pop-rock mais sont en connexion avec.
Vous avez participé à la sélection des lauréats ; quels ont été les critères de choix ?
Des groupes sincères, actuels et intéressants musicalement. Avant gardistes.
Depuis vos débuts avec Roughtrade, vous avez vu le style électro évoluer ; quel regard portez-vous sur la scène actuelle ?
J’aime assez ce qui se passe. Le retour du digital, ce qui est mon cheval de bataille. Il y a eu un petit creux il y a quelques années mais aujourd’hui la production est plutôt intéressante.
Selon vous en quoi l’action des Qwartz est-elle utile pour privilégier les musiques nouvelles ?
C’est d’abord un outil de promotion pour les artistes, certains prix supposent des dotations financières dont les créateurs ont besoin, et puis cela permet de connecter les gens.
Et plus si affinités
Album : Arnaud Rebotini – Someone gave me religion
http://www.blackstroberecords.com
http://soundcloud.com/blackstroberecords
http://rebotini.blackstroberecords.com/
http://twitter.com/Rebotini
http://www.facebook.com/pages/Arnaud-Rebotini/42035491067
Inside the Qwartz
7eme session des Qwartz Awards : compte rendu