Le principe du cocktail Molotov est simple : une bouteille remplie d’essence, une mèche. On allume la mèche, on balance la bouteille, l’essence répandue partout s’enflamme, déclenchant un incendie.
Ce n’est pas un hasard si Marsatac 14eme édition a choisi ce thème pour sa comm’, ses affiches, son teaser. Car c’est un fait : la session 2012 a bien pris l’aspect d’un cocktail Molotov culturel avec pour mot d’ordre : « On s’étend, on s’étale ! »
Déjà au niveau des chiffres avec ce petit bilan envoyé par voie de communiqué :
Avec une fréquentation record de 35 000 personnes sur l’ensemble du festival, la quatorzième édition du Marsatac a été un réel succès. L’offensive nîmoise a permis au festival de quasiment doubler ses propositions artistiques avec 70 concerts programmés cette année contre 40 l’année dernière, pour 6 soirées en 2012 contre 3 en 2011. Durant ces 6 jours, plus de 300 artistes du monde entier se sont produits sur les scènes du festival, à Nîmes puis à Marseille.
Plus de jours, plus d’artistes, plus de concerts, plus de public. Et une doublette réussie quant à l’exfiltration en terre nîmoise. Paloma investie par Marsatac : un beau tour de chauffe pour la SMAC flambant neuve de Nemausus City qui mérite un peu plus son surnom de Rock city avec cette installation rarissime en France, servie par une équipe dévouée dont Dro Kilndjian, le programmateur du festival phocéen a su apprécier la cohérence.
Autant vous dire que la 15eme édition va très probablement remettre ça, renforçant la passerelle entre les deux villes avec pour objectif de multiplier la fréquentation nîmoise et de développer un festival destiné à « marcher sur deux jambes », selon les termes de Dro qui compte par ailleurs persévérer dans la mixité des artistes proposés, refusant comme à son habitude toute forme d’étiquetage.
C’est un fait : l’affiche de Marsatac 2012 a dû filer des boutons aux puristes. Mettre côte à côte les chantres de la new wave que sont Kas Product et Orelsan, petit prince du rap hexagonal, La Femme, Mekanik Kantatik, et plus si affinités (on n’a d’ailleurs pas pu les chroniquer ni les interviewer tous) c’est pour le moins jouer la carte du mélange, et ça marche plutôt bien, si l’on en croit le flux constant des spectateurs tournant d’un set à l’autre, aussi bien sur Nîmes que sur Marseille, dans un esprit très clubbing qui introduit une autre manière d’appréhender le live.
Chose confirmée par ma collègue Estelle qui se trouvait à Paloma et a pu constater ces réactions dans le public : « 23 h – La Paloma se remplit un peu comme les horaires d’une boite de nuit, les deux salles, le club et la grande salle sont pleines à craquer, la soirée se poursuit de concert en concert, de set en set avec une ambiance très jeune et dansante » ; clair, non ?
Même topo à Marseille où deux soirs durant, j’observerai l’arrivée d’un public jeune, demandeur de faire la fête et curieux de nouveautés sonores. La curiosité, maître mot du concept, qui amène à goûter l’affiche et à faire des découvertes parfois très décoiffantes : tandis que je craque pour Aucan, Estelle découvre La Shark. Pourtant pas du tout notre univers musical initial. Comme quoi la recette marche.
Et Dro ne s’interdit pas d’ouvrir encore les champs du possible, … en faisant entrer des groupes metal par exemple ? L’idée étant de toute façon de refléter les différentes tendances d’un paysage musical français culturellement très nuancé mais riche, où le spectateur d’aujourd’hui ne se cloisonne plus dans un style mais surfe sur plusieurs inspirations.
Surfer : le terme est juste car pour s’étendre, Marsatac utilise les différents vecteurs media. Outre les interviews communs et la diffusion via le plateau radio animé par Robex jusqu’en terre bretonne, on notera la déco ludique du lieu, la création d’un jeu en application Iphone, l’utilisation intensive des réseaux sociaux. A défaut de s’étendre dans le périmètre urbain marseillais (Dro ne désespère pas d’y arriver un jour, installant Marsatac dans tous les édifices à l’instar des très lyonnaises Nuits Sonores), le festival prend racine sur la toile.
Et off shore. Financé à 40 % pas l’argent public (Conseils régional, général, Mairie, Ministère de la Culture, Sacem et autres), à 60 % par les recettes billeterie/buvette + les sponsors, Marsatac a su équilibrer ses comptes afin de préserver son autonomie. Et faire ses choix. Parmi ceux-ci, le projet Mix Up qui propulse Marsatac dans l’univers de la prod puisque Mix Up Maroc présenté cette année est le 3eme opus d’une expérimentation artistique à l’échelon Méditerranée/Europe/Afrique/Moyen Orient, expérimentation dont nous découvrirons les fruits musicaux en 2013 dans le croisement de Marseille 2013 et Marsatac 15eme.
Une année très attendue que celle qui vient, qui va marquer un tournant dans l’évolution d’un festival amené à devenir un évènement incontournable dans le paysage culturel et éducatif du Sud. A suivre donc.
Un énorme merci à tous les artistes interviewés, à l’équipe de Marsatac, aux journalistes rencontrés.
Merci également à Estelle Cerda qui est allée pour nous à Marsatac – Paloma et sans qui ce report n’aurait pas été complet.
Et plus si affinités