La guerre : ses violences, ses horreurs, ses massacres, son cortège d’atrocités et d’exactions. Comment peut-elle exister encore à la surface de notre terre ? Peut-être parce qu’elle possède des beautés cachées que seuls les combattants comprennent ? Voici en substance la problématique portée par chacun des clichés de Richard Mosse inclus dans la désormais célèbre série Infra.
L’homme ne fait-il pas la guerre parce qu’il aime ça ?
Cette dernière a largement contribué à faire la renommée internationale du photographe irlandais. Et pour cause : en documentant la cruelle réalité du conflit congolais datant de 1993 avec des couleurs éclatantes de bonbons acidulés, Mosse transforme ses clichés en tableaux naïfs aussi surprenants que choquants ; il introduit ainsi le doute sur nos motivations belliqueuses. L’homme ne fait-il pas la guerre parce qu’il aime ça ?
Inverser les valeurs, grossir les traits, distancer la réalité
Le subterfuge repose sur l’utilisation de la très sérieuse pellicule Kodak Aérochrome Infrared 1443 développée par l’US Army à des fins stratégiques de détection des végétaux par infrarouges ; ce faisant, l’artiste inverse les valeurs, grossit les traits, distance la réalité pour mieux la rejoindre. Les paysages de brousse deviennent roses, violines, comme autant de décors de sucre : Hansel et Gretel, Charlie et la Chocolaterie, Le Petit Poucet, Barbe Bleue, la violence n’est jamais aussi ignoble et absurde que dans les contes.
Un choix technique aussi cynique que sensoriel
Avec ce choix technique assez cynique, Mosse donne à voir la guerre comme personne avant, en créant une dimension d’apologue visuel qui enrichit le reportage pur. Sa stratégie redéfinit le rôle du reporter de guerre, qui n’est plus seulement pour documenter un conflit, mais pour faire réfléchir le spectateur, le remettre en question en convoquant sa sensorialité d’une manière inédite, en détournant un procédé militaire pour superposer deux visages opposés de la violence humaine.
Et plus si affinités
Pour en savoir plus, consultez le site du photographe Richard Mosse.