Ouh qu’on l’attendait celui-là ! Et le duo a bien su nous faire monter la tension avec ses p’tites vidéos narrant chaque étape de l’enfantement dans le huis clos des très lyonnaises Subs. Lieu dédié à la création, à la recherche musicale, labo esthétique expérimental, parfait pour assurer l’inspiration et la concentration des artistes, berceau du futur, blablabla … Un ancien couvent, une ancienne caserne : le passé des Subs reflète les antinomies qui bétonnent Brice et sa pute.
Car il faut bien le reconnaître : le tandem Marie Nachuri / Pierre Chanel ne donne pas spécifiquement dans la dentelle ou alors ce sont celles d’une fille de joie vérolée au fond d’un bordel de seconde zone. Et pour les treize chansons qui composent cet hymne à l’Amour, ils privilégient les névroses des religieuses possédées et le graveleux des militaires pataugeant dans la boue des tranchées amoureuses.
Morceaux choisis extraits de « J’aime » :
Quand ton gland se fend en deux pour m’offrir un bouquet de fleurs qui puent avec des oiseaux dessus et puis des biscuits cui cui cui cui qui font croc croc sous mes dents de devant tu es tellement charmant
Et pour ceux qui ne sont pas encore convaincus :
Quand tes sticules font flop comme un drapeau mort flottant devant des sociétés anonymes et des cartes de crédit en forme de trou du cul
Petites natures s’abstenir ! Amateurs de poésie trash et pointue, vous allez adorer !
Particulièrement en verve, la Marie, du haut de ses talons avec ses jarretelles, sa jupe trop courte, ses barrettes, son piercing et les nœuds de ses tatouages en haut des cuisses desquelles dégouline sa voix de diva délicieusement psychopathe, tandis que Pierre le fardé se démène sur sa gratte, défonçant sa palette à coups de talons avant de finir encagé comme une bête fauve.
Une recette éprouvée par maints concerts, des vidéos, une charte graphique qui frôle le démembrement frankensteinien, des démos déjà bien léchées : bref, il était temps de cloîtrer le binôme en studio pour une copulation musicale qui accouche après maintes convulsions de 13 jolis petits, tous plus vicelards, surréalistes et radieux les uns que les autres.
http://briceetsapute.bandcamp.com/
« Le bonheur est dans le crime » clamait Barbey d’Aurevilly. Brice et sa pute le prennent au mot, et appliquent la leçon à la lettre : entre sexe pur, perversité, dévoration, meurtre à petit feu et jeu d’enfant, les deux amants terribles s’offrent une petite balade de santé, se posant en dignes héritiers de Brigitte Fontaine et son Nougat, des disciples d’André Breton qui je le rappelle, ne crachait pas sur le cannibalisme affectif, et de Jack L’Eventreur inspirant Walter Sickert.
Punk ? Oui, dans le pur esprit de Nina Hagen ! Cabaret ? Assurément, Brecht peut être content ! Chanson française ? Ah mais je confirme même quand ils chantent en anglais : faire de la chanson française avec la langue de Shakespeare, fallait le faire, non ?! Opéra ? Sans conteste et barock, pour ne pas dire burlesque (Pierre s’offre quand même le luxe d’un effeuillage boylesque lors du show (à ce jour l’un des seuls gratteux on earth à y arriver, respect).
Et les nouvelles orchestrations (avec des chœurs, voui cf vidéo en haut de l’article !) vont dans ce sens d’un mélange des genres pour le meilleur du pire, d’une épaisseur du son, d’une variété de paysages sonores qui nous chavirent de la soul au jazz, de la funk au rock, jusque dans les bottes de foin de la country. Et toujours, caressant l’inaltérable base mélodique posée par Pierre le stoïque, la voix rugissante et flûtée de la Marie, innocente comme une Sophie maléfique (la Comtesse de Ségur revue et corrigée par les Dead Kennedys ça la fait non ?).
Brice et sa pute – Cowboy (clip) from Brice et sa pute on Vimeo.
Bref les grandes orgues jusque dans l’architecture des morceaux, leur thématique : « J’aime » complètement chaotique tel un homme saoul, une fille défoncée, jusque dans la chute, « Gregory » cousin lointain de la poignante « Rikita » des Sexy Sushi (franchement l’écoute file la chair de poule), « Johnny Vagina », petite merveille de folie dévastatrice … et comme un pied de nez, le tout placé sous l’égide introductif de l’ « Ave Maria » de Schubert. Y a pas à dire pour un premier gamin, non seulement Brice et sa pute ont tapé fort, et ils n’y ont pas perdu leur âme.
13 morceaux plus tard (13, tiens donc) vous ne vous en remettrez plus.
Lancement sur scène le 1er décembre 2012 au Clacson de Oullins.
Attention Amour est un petit bijou musical !
Cf notre interview.
https://www.theartchemists.com/2012/11/26/in-love-with-brice-et-sa-pute-interview-et-mode-demploi/
Il y en a deux exemplaires à gagner.
Vous connaissez la formule magique pour participer :
RDV sur la page facebook The ARTchemists que vous likez au passage
(non pas au bas de cet article, ça compte pas, faut aller sur notre Facebook),
Puis un petit tour par l’annonce de cet article que vous likez/commentez.
Pas de panique on a ouvert une case concours dans les albums photos
donc vous ne serez pas perdus au milieu des autres textes.
On s’occupe du reste !!!
Et plus si affinités