En règle générale, quand on évoque la bière, on pense immédiatement pack de bibine, muflées monumentales, festivals de rock, soirées barbecue, punks et bikers … bref tout un mode de vie que je vais me faire une joie de réduire à néant avec mes cinq petits articles.
C’est que 24 heures passées à Bruxelles en voyage de presse ont suffi pour dévoiler une approche autrement plus attractive puisque fondée sur le culturel, la qualité et le goût. Oui vous m’avez bien lue. Aussi gros buveurs et fêtards biberonneurs, je vous avertis, si vous privilégier la descente de boutanches à la file, quittez immédiatement cette page.
Vous allez être fortement déçus ou pire … emballés. C’est ce qui m’est arrivée dans la capitale bruxelloise et à la base, ce n’était pas gagné vu que j’ai toujours détesté ce type de boisson, lui préférant de loin mojitos, blue lagoons, Pacherinc de Vic Bilh, champagne … Pour faire simple, la bière je m’en servais pour les crêpes, quoi ! Ma petite visite dans les locaux de Duvel m’a ouvert les horizons à la dynamite.
La potion magique ?
Ok une petite présentation s’impose. Duvel : le champagne de la bière. Prétentieux ? Exagéré ? Vaniteux ?
Et tout dans l’usine de fabrication est à l’aune de cette vidéo particulièrement bien léchée (les amateurs auront su apprécier la qualité). Une visite que nous faisons, mes petits camarades de la presse et moi-même, dans le sillage de Nicolas Soenen, ambassadeur de bière, qui va nous présenter toutes les étapes d’élaboration du breuvage.
Fermentation en cuve puis en bouteille, conditionnement en 33cl, 75 cl ou 1,5 l uniquement, la gestation d’une Duvel prend du temps, de la patience, de l’attention : 90 jours de préparation dans une usine spécialement conçue à cet effet, là où d’autres règlent la question en un mois. Pureté des éléments sélectionnés, pas d’additifs ni de conservateurs, une teneur en alcool de 8,5% (élevé pour une bière donc impossible d’en abuser), une mise en bouteille particulièrement soignée, un contrôle absolu de la chaîne de production jusque dans la réutilisation des contenants (en Belgique les bouteilles sont consignées).
Une histoire de famille
Pour sûr la Duvel est perçue comme une potion magique. La recette initiale, élaborée vers 1920 par Victor Moortgat, fils du fondateur de la brasserie, à partir d’une souche de levure écossaise originale, est réévaluée constamment, les druides de Duvel travaillant d’arrache pied à équilibrer de nouvelles associations entre houblons, orges, levures et eau, venus de pays différents, de traditions de brassage multiples. Fonctionnant un peu dans l’esprit de Mariage Frères sortant chaque année de nouvelles collections de thé, Duvel s’ingénie à proposer de nouvelles tendances. Et une petite rumeur de couloir portant sur une boisson à partir de houblon … chinois ?
Une tradition venue du XIXeme siècle, et que pour rien au monde les héritiers ne voulurent dénaturer. Respectueuses des fondamentaux, les différentes générations Moortgat tablèrent sur une stratégie particulière : conserver l’esprit de famille chez Duvel, tout en achetant petit à petit d’autres brasseries porteuses d’autres traditions de brassage, d’autres modes de fonctionnement : Chouffe, Maredsons, De Koninck, Liefmans, Vedett … Doucement mais sûrement, avec patience et bon sens, l’entreprise s’enrichit de techniques diverses, et pourrait à ce jour constituer une encyclopédie des techniques de fabrication à elle seule.
La botte secrète
Son secret ? Ne pas faire de ses bières des produits de très grande consommation mais des breuvages de luxe, qu’il convient de déguster, de savourer dans des circonstances précises, dans un état d’esprit dédié, en écoutant de la grande musique, du jazz, en lisant un bon livre, en contemplant un beau tableau. En partageant un bon repas. Autant de démarches qui supposent de se poser, de profiter de l’instant. Une contemplation. Une respiration.
Et pour bien marquer cette différence, l’un des fils Moortgat conçut en 1960 un verre dédié à sa bière. Le verre tulipe désormais célèbre dans toutes les brasseries belges, formé pour permettre aux arômes de s’exprimer pleinement. Et qui implique toutes une série de gestes semblables à un rituel.
A ce stade ne reste plus qu’à se poser dans un fauteuil et se laisser aller au plaisir.
A consommer avec modération bien sûr, mais si vous abusez, c’est que vous n’avez rien compris à ce que j’ai écrit, au produit, à l’esprit dans lequel il a été fait.
Et un grand merci à l’équipe Duvel au grand complet pour son accueil, à Nicolas Soenen pour ses explications, à Sarah Hamon et sa team qui ont organisé le voyage.
Et plus si affinités