Laurent Garnier, Etienne de Crecy, Cassius, Daft Punk, Mr Oizeau, Air, … La French Touch ! Dieu qu’on a pu en parler dans ces colonnes artchémisiennes, tant le courant electro des 90’s a impacté le paysage musical français, … mais pas que. Ces messieurs dames ont aussi largement et définitivement retourné le monde du graphisme !
Au travers de la triade de com’ pochette/flyer/affiche, des dizaines de jeunes designers vont se mêler aux musiciens et DJ pour fonder un genre à part, sans complexe, inventif et vite révolutionnaire, présentant les artistes en couleurs vives comme on le ferait de soldes ou de lessives. Avec humour et spontanéité.
Ils sont autodidactes pour certains, sortent de grandes écoles pour d’autres (le nom de l’école Pennighen revient assez souvent sur les textes de présentation), sont jeunes, se connaissent tous, … tout commence donc comme une histoire de potes, dans l’enthousiasme de la fiesta et le désir de produire une musique indépendante et libre.
Les chambres d’ado se transforment alors en studio d’enregistrement … ou en ateliers d’artistes, ces derniers illustrant les facéties musicales des autres, dont ils kiffent proprement la musique, et qui le leur rendent bien, en multipliant les commandes. Une économie prend corps, les labels se multiplient, de même les agences de com’.
Michel Poulain, aliasLa Shampouineuse, Alexandre Courtès, … je ne vais pas tous vous les citer, d’autant plus que la vidéo vient vite se greffer sur le phénomène pour en gonfler l’ampleur. Un mouvement culturel est né. Nous le voyons aujourd’hui évoluer et s’interroger sur son renouvellement : surprise et petit sourire quand je tombe sur le visage poupin d’un Arnaud Rebotini de 20 ans, avec queue de cheval au détour d’une galerie de portraits des grands DJ’s d’alors signés le collectif M&M’s (Moche et Merveille) créé par Olivier Degorce et Alexandre Moggi.
Quand je pense qu’il y a quelques mois, j’étais en studio avec ce monsieur pour le voir caler ses nouveaux morceaux résolument vintage et 80’s … Ou quand la French Touch entre doucement mais irrémédiablement dans l’Histoire ? L’expo est remarquablement orchestrée par le label créatif1024 Architecture dans un des vieux appartements du Louvre, avec un décor grand Siècle, parquet, peinture écaillée, mur de briques apparantes et caissons en métal + tables de mixage et platines … et musique, donc difficile de ne pas parcourir les salles sans se déhancher sur les lames du parquet comme sur un dancefloor).
Le clash qui résulte de la rencontre de ces deux univers amène à s’interroger très rapidement sur la création d’une mémoire en marche. Qu’on le veuille ou non, l’electro est désormais un pilier culturel, et après avoir traversé ces pièces, vous serez vraiment en droit de vous demander si l’on peut encore parler de « musique nouvelle ».
A découvrir donc, et ne faites pas l’économie des explications apportées par le site des Arts décoratifs qui sont à la fois claires et très attractives.
Et plus si affinités
Musée des Arts Décoratifs – Paris
du 10 octobre 2012 au 31 mars 2013