The Syndicate ? Une famille. Une famille de tueurs. Pas une mafia, non. Des tueurs, des tueurs en série, la mère, les enfants devenus adultes. Des prédateurs. Avec chacun sa spécialité, ses petits penchants, ses hobbies. Un jour, l’un d’entre eux meurt. Nathan, son aîné avec qui il opérait, se retrouve seul et vit très mal ce deuil. C’est alors qu’il tombe sur Rhys, un novice qui ne demande qu’à apprendre. Il le prend sous son aile, lui enseigne tous les trucs et astuces du meurtre parfait et jouissif. Il s’est trouvé un frère de substitution. Sauf que le reste de la famille va voir cette intrusion d’un œil très méfiant. Et ils n’ont pas tort. Car Rhys est un loup dans la bergerie.
Le fonctionnement du clan
L’intrigue de cette excellente et très saignante websérie (preuve que le format peut s’avérer particulièrement inspirant) semble simple, elle est de fait shakespearienne. Une réflexion pertinente et marquante sur la prise de pouvoir, le rejet, le fonctionnement du clan, la trahison, la vengeance. Les limites de la force, l’étendue de la ruse. Et surtout, surtout la manipulation par l’affect. Au bout du compte, ce climat de meurtres n’est qu’un prétexte ô combien fascinant pour réfléchir sur la complexité des rapports de force. On notera la pureté de l’écriture, simplifiée à l’extrême, presque austère, très anglaise au bout du compte, le choix des passages de vie à montrer, la maîtrise des ellipses selon une recette bien rodée : l’avant, l’après et on imagine l’entre deux.
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Un aplomb qui surprend
Sachant que l’entre-deux correspond aux scènes de torture et de meurtre, autant vous dire que notre imaginaire de spectateur galope très vite. C’est que les sœurs Victoria and Amy Howell, auteurs et productrices de ce si beau bébé, n’ont pas froid aux yeux quand il s’agit d’aborder un sujet pourtant très masculin. Elles le font avec un aplomb qui surprend et séduit. C’est que très vite on s’attache à ces monstres dont on pressent le destin funeste. Un petit air de Mike Leigh dans certains cadrages, la manière de capter les scènes de famille, le caractère inter-ethnique. Rebondissements inattendus, péripéties, de fil en aiguille, l’humanité réapparaît sur ces visages trop souvent couverts du sang des victimes.
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Coupables ou proies ?
Et c’est probablement cela qui fait le plus peur. L’ambiguïté de ces coupables devenus proies potentielles, pris soudain de peur, de doute. Traqués par plus fort qu’eux. La qualité de l’interprétation, le grain de l’image, le tournage en plans serrés rappellent I Zombie, The Chronicles of pain, Henry portrait of a serial killer également, C’est arrivé près de chez vous bien sûr. Un travail intimiste et poignant, d’où l’ironie est absente.Certes des imperfections demeurent, des petites failles dans le scénario, des incohérences minimes car très vite épongées par le propos principal : le risque de la confiance.
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En bref The Syndicate est un magnifique tour de passe passe, récompensé de toutes parts, qui en dit long sur les possibilités et les libertés de la websérie. Pas de censure pour ce sujet sans concession, âmes sensibles s’abstenir, ce récit scandé et incisif comme une lame de scalpel est souvent très difficile dans son approche de la violence humaine. Et c’est ce qui fait sa justesse. Son prix.
Et plus si affinités
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à consulter :
- le site de Systir productions
- la page facebook de la websérie The Syndicate.