À l’avant-garde : Chié Shimizu, en quête d’émotions

The Artchemists Chie Shimizu

Rictus de colère, regards terrifiés, résignations effarées, Chié Shimizu peuple son univers de figures fantomatiques au visage froissé d’émotions intenses, ou d’une impassibilité toute divine. Dans l’univers raffiné de l’art contemporain japonais, sa sculpture propose une expérience visuelle profondément intime tissée de contradictions fascinantes.

Théâtre nippon

No, kabuki, buto : impossible de scruter masques et personnages sans évoquer les traditions dramaturgiques nippones. Dans des tons de craie striés de carmin et de bleu pétrole, les figures façonnées avec précaution déclinent une palette d’émotions que le spectateur cherche à décrypter car elles sont incertaines. Rage, terreur, désir, si certains faciès se crispent sous le coup des passions, d’autres sont lisses à faire peur.

Cernés de nuages comme des tatouages célestes, les épidermes blafards ont tout du spectre maudit, du démon ancestral. Les chevelures, torsadées en chignons complexes, évoquent les lourdes coiffures des geishas, les casques des guerriers khmers. La torsion des corps, les postures cambrées suggèrent les lascives positions du Kamasutra, les membres entravés du kinbaku. La profusion des formes perd le regard, égare les sens, interpelle l’imaginaire.

Intangible matérialité

La matérialité ici est presque intangible, comme si les œuvres défiaient les lois de l’apesanteur : des êtres de chair ou de vent ? Beauté fragile, oubli contemplatif, équilibre précaire entre calme et tension, entre palpable et évanescent : Shimizu, dans chacune de ses sculptures, insuffle une profondeur émotionnelle et psychologique complexe, puisée dans la transversalité de ses références, entre Orient et Occident.

L’invisible investit son univers. Que se cache-t-il sous la surface des choses, la peau des visages, la pâleur des chairs ? Chaque œuvre est une invitation à ressentir plus qu’à comprendre, à se laisser happer par l’atmosphère qu’elle crée. Ce n’est pas un hasard si toutes sont souvent perçues comme profondément méditatives : elles évoquent l’idée du vide, non pas comme un manque, mais comme un espace de potentialité, où tout peut advenir, le pire comme le meilleur.

Pour en savoir plus, consultez le site de Chié Shimizu ainsi que son compte Instagram.

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Dauphine De Cambre

Posted by Dauphine De Cambre

Grande amatrice de haute couture, de design, de décoration, Dauphine de Cambre est notre fashionista attitrée, notre experte en lifestyle, beaux objets, gastronomie. Elle aime chasser les tendances, détecter les jeunes créateurs. Elle ne jure que par JPG, Dior et Léonard.