2019 accouché dans les convulsions sociales, le clash des classes, les flashballs, les gilets fluo et les CRS à bout portant, les photos de visages défoncés à la grenade de désencerclement, les familles qui ne peuvent plus boucler les fins de mois, les grands patrons bien au chaud dans leurs stock options et leurs malversations, les politiques qui rament à récupérer le tout quitte à se rouler dans le ridicule au mieux, l’infamie trop souvent … démocratie, que deviens-tu ? Le tableau serait à pleurer si il n’y avait de ci de là de trop rares éclairs d’espoir, des discours de bon sens, chargés de raison et qui rappellent des bases du vivre ensemble : échange, tolérance, diversité, liberté … les gars du Collectif 13 font partie de ces OVNI qui, au moment des gros orages et des tempêtes, pourfendent les nuages accumulés pour laisser le soleil passer et redonner foi en soi, en nous et d’ans l’avenir.
Leur nouvel album Chant libre déboule dans un paysage sociétal aux allures de guerre civile pour dénoncer les différentes occurrences de cet incroyable bordel … et soumettre, sinon des solutions, du moins des savoir être qui devraient pas mal nous aider en ces heures de trouble. Ce n’est pas un luxe quand on perçoit la cacophonie ambiante. En 15 morceaux variant du reggae au rap en passant par le rock, Guizmo, Gari, Mourad, Danielito, Gerome, Erwann et Fred passent notre modernité au crible, en défoncent les aberrations … et expliquent comment en sortir. Exemple avec l’excellent « Réseau » où ils règlent leur compte aux social media, et pour s’en débarrasser proposent tout simplement de déconnecter. C’est basique voire réducteur, diraient certains … mais cela demeure la solution la plus efficace, non ? Chantres de l’évidence, les gars du Collectif 13 vont ainsi pointer du doigt la fracture sociale, le fossé séparant ville et campagne, la surconsommation, Trump et autres épouvantails politiques … Bref ils collent un grand coup de latte dans une fourmilière en décomposition …
Et rappellent au passage que NOUS sommes la solution au problème. « On peut faire autrement … » en refusant d’adhérer, en tournant le dos, en nous entraidant, en inventant, en créant. Changeons nos perceptions, nos perspectives. Nous sommes riches incroyablement de nos idées, de nos volontés, de nos propositions, de nos interactions. Vous en doutez ? Mais par son fonctionnement même, le Collectif 13 est la preuve que ça fonctionne très bien, cette histoire de gestion croisée. Deux petits bouts de Tryo, un rouage de Massilia Sound System, un boulon de La Rue Ketanou, un écrou du Pied de la Pompe, des éléments extérieurs comme Syrano, Max du ‘tit Son, Alee, Dj Ordoeuvre qui se greffent sur la mécanique et c’est parti ! Par delà les déflagrations des grenades, les hurlements de revendications et le silence assourdissant du milieu artistique, Collectif 13 arrive à point nommé pour chanter les choses avec élégance et fermeté, pour ouvrir des perspectives d’avenir et rappeler que nous sommes la base de la pyramide, et qu’une pyramide sans base … s’effondre. Ils formulent en rythme, ironie et talent une prise de conscience qui tend à se diluer d’un pseudo leader à l’autre, au risque de perdre un magnifique élan de liberté et de justice. Ils en font la synthèse, la replacent dans une vision plus générale, géographiquement plus large.
Les gars du Collectif 13 composent ainsi un cahier de doléances d’autant plus cohérent et nécessaire qu’il ne verse jamais dans la hargne aveugle ou la supplique pleurnicharde. C’est même carrément un programme de ce qu’il faut revoir et au trop, et l’état d’esprit dans lequel aborder cette refonte pour éviter de finir dans le mur des fascismes et autres saloperies du même genre. Prenons en de la graine, nous avons devant nous le chant libre et l’infini des possibles désormais !
Et plus si affinités