La semaine dernière nous dérivions de nos registres habituels en chroniquant le blues de Don Cavalli. Cette semaine, c’est carrément en zone jazzy et soul que nous posons un instant nos oreilles. Et nous les reposons par la même occasion, car les dix morceaux qui composent Swing Twice ! ont incontestablement la vertu calmante de la moire, du velours, des couleurs tendres.
Voluptueux me semble l’adjectif qui convient le mieux pour cerner les sensations qui émanent de ces dix historiettes. Des tableaux, des clichés sonores en N/B ou en sépia pour saisir des perceptions sur le vif liés à des lieux, des paysages, des perspectives. Des saisons également, plus spécifiquement cet effacement du temps que sont l’automne arrière saison des sentiments, moments où la Nature ralentit sa course pour s’endormir, de même les sentiments avec « If only for une minute » ou l’hiver enneigé et cristallin avec « Snow falls » et « Winter heron », qui disent le rythme lent des flocons tombant du ciel blanc et cotonneux.
La bise mélancolique et piquante des vents du nord, soudain balayés par la lumière de « Carmignano » et son allure balancée de jolie femme au seuil du printemps, arborant ses robes avec les premiers rayons de soleil, claquant ses talons de fashionista sur les trottoirs new yorkais, les rues de Rome, les parcs de Londres, les ponts de Paris, sautant d’une flaque de soleil à l’autre avec l’aisance d’une biche. Et l’été, l’été enfin, la chaleur irradiante de « Yan kadi » ou « The source » avec leurs rythmes afros lancinants, leur éclat festifs, leurs couleurs vives, apposées en touches subtiles et continues par les sections cuivre, la flûte.
Le tout est équilibre constant entre mélodies et voix pour laisser une respiration à l’orchestration ouvragée, aux solos de piano, sans qu’ils avalent tout l’espace sonore et détournent Sing Twice ! vers le simple exercice de style. Car comme le titre l’indique, il s’agit ici de chant, celui des instruments, celui des voix, celui des cœurs. On appréciera la contribution de Hugh Coltman, Mamani Keita, Emi Meyer qui introduisent la parole dans le discours purement musical.
Un an de travail pour finaliser Swing Twice ! et pour assurer la continuité de Miss Soul 2005, Trippin’ 2008 et The Vox 2011, précédentes productions du pianiste belge. Le résultat est à la hauteur.
Et plus si affinités