La première fois que j’ai croisé la route de James Eleganz, c’était à Rock en Seine et il officiait alors comme frontman de Success. Et déjà, il avait été clair : «Je veux être une rock star». Mais pas à la petite semaine, hein ? Une vraie rock star, comme le sont David Bowie, Iggy Pop ou Lou Reed. Inoubliables, irremplaçables, enracinés dans l’esprit des fans tout en étant précieux, raffinés, incontrôlables. Talentueux, créatifs, innovants. Libres. Et bien, il semblerait que James Eleganz soit bien parti pour creuser ce sillon, si l’on en croit l’écoute du très beau Hotel Augusta.
Souvenir berlinois
Une seconde galette en solo, qui confirme la vibration ressentie sur l’initial The Only one, et l’amour profond d’Eleganz pour ses mentors, dont il réveille le souvenir berlinois. C’est d’ailleurs à Berlin qu’il a enregistré les 10 morceaux de l’album, avec pour l’épauler, outre son pote Larry Mullins (ex-musicos de Iggy Pop et batteur en chef chez Nick Cave à la prod Toby Dammitqui s’occupe également de la batterie, Bertrand Burgala comme bassiste, le guitariste Goeffrey Burton ainsi que Mike Watt. Du beau monde donc qui s’est déjà accoquiné avec les Stooges, Bashung, Nick Cave and the Bad seeds et Iggy Pop cités plus haut.
Histoires d’amour douloureuses
Bref du lourd, et une floppée de talents qui se retrouvent coincés, pandémie oblige, dans une chambre de l’Hotel Europa pour bosser. D’où le titre de l’album, et cette ambiance très particulière, en apparence folk ou country sur certains passages, des balades comme « Don’t wanna seek you », mais finalement très torturé, maudit comme seul la capitale allemande peut en distiller, avec tous ces fantômes qu’elle abrite. Des histoires d’amour douloureuses, avortées dans l’impossible affect d’égos épineux, dixit « kindness in me » qui introduit l’album et affiche clairement la donne.
Légende noire
«Your heart belongs to rock’n’roll» et visiblement ça n’aide guère à trouver un équilibre dans le couple. Légende noire de l’artiste qui recherche l’amour pour mieux s’y blesser, histoire de créer toujours plus, toujours mieux ? Ou quête de rédemption dans la solitude studieuse des chambrées berlinoises ? Mais bon chassez le dandy, le rocker revient au galop, comme le prouvent « Stay behind me », le solo de gratte sur « The devil’s wrath » ou le dantesque, un brin vampirique et très bowien « Paper doll ».
Bref, Hotel Augusta a tout pour vous coller une très jolie claque, tout en confirmant le talent d’un James Eleganz dont le détachement peine à cacher la passion contagieuse.
Et plus si affinités
Vous pouvez écouter l’album Hotel Augusta sur Bandcamp.
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