Quel est le sens du travail de chroniqueur ? Casser du sucre sur le dos des artistes et des pros ? S’extasier à l’aveugle sur les grosses sorties de stars à grand renfort de « génial » et « unique » ? Cracher son snobisme haineux à chaque sortie d’album testé du bout des tympans comme une nourriture sonore douteuse ? Ou tout simplement soutenir avec confiance et patience l’effort soutenu d’émergents qui rament dans cet océan créatif de l’industrie musicale où ils servent de pâture aux requins ?
Cochez la bonne réponse, lecteurs. Mais en lisant le titre de cet article, vous saurez une fois de plus quel est notre créneau et notre credo. Nous découvrons John M (à l’époque Morillion) en amont du Printemps de Bourges 2012. Le festival nous permettra de le rencontrer, de le questionner sur son univers et cet album incroyable Love it all. Jeune encore, on le sentait dépassé par ce fourmillement professionnel, presque en danger, doutant de tout, alors que sa musique traçait le chemin comme une évidence.
Trois ans ont passé, un départ à New York, de la bourlingue à Berlin, Paris de nouveau : les compositions de John M n’ont rien perdu de leur sincérité, mais elles ont gagné en maturité. Les choix sont faits, et c’est un homme sûr de lui, serein, qui entonne les treize tracks de Born to meet you. Certes toujours romantique, pourtant on sent dans la manière de poser la voix qu’il ne vaut pas mieux chercher ce beau Scorpion au dard docile mais néanmoins acéré.
https://soundcloud.com/johnmofficial/john-m-so-far-away?in=johnmofficial/sets/john-m-born-to-meet-you
Piqûre en suspens, venin contingenté mais prêt à être craché au moindre faux pas de l’interlocuteur … gentillesse de l’enfance, naïveté de l’adolescence, … la dureté du monde est passée par là, pour façonner l’adulte, homme et artiste. Eh oui, c’est que l’heure passe, « The weight of time » titre-t-il … et c’est ainsi que l’urgence de vivre pointe le bout de son nez … « So far away » se veut plus rock, plus abrasif … et cette baffe d’une chanson en français, très résolument rock, « Le premier rêve », qui évoque très franchement le regard contemplatif et désabusé d’Astonvilla dans les riffs, la rythmique, la manière de poser les paroles.
En bref et pour synthétiser le tout, ce second album confirme le talent criant du premier en le renforçant pour l’orienter vers de nouvelles voies que John M empreinte naturellement. Une évidence que Born to meet you, déclaration d’amour débarrassée de la candeur, chantée à la face du monde, comme pour dire : « jamais je n’arrêterai ».
https://soundcloud.com/johnmofficial/john-m-le-premier-reve?in=johnmofficial/sets/john-m-born-to-meet-you
Et plus si affinités
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