Musicalement née dans au début des années 2010, Laurel Halo a déjà marqué son époque, surtout grâce à deux albums, Quarantine (2012) et Chance of rain (2013), qui ressemblaient presque à de l’anti-jeu dans le monde électronique. Vocal quand on attendait de l’instrumental, et inversement pour l’album suivant. Mais l’approche expérimentale était, elle, toujours présente. La discographie complète de Lauren Halo témoigne de sa réputation aventureuse via des collaborations ou participations mémorables, comme le légendaire 7ème volume de la collection FRKWYS (2011).
Autant dire que son retour, sous forme d’un double EP, était attendu depuis de nombreuses semaines. Et cette sortie est un événement, car elle installe définitivement Laurel Halo dans une nébuleuse de l’excellence électronique qui concerne aujourd’hui une petite dizaine de musiciens dont on traque le moindre white label. Une académie imaginaire, souvent en équilibre entre une musique de laboratoire et le son des rues, voire des clubs avoisinants.
Si les appellations electronica ou techno sont évidemment bien pratiques pour présenter In Situ, le disque ne s’arrête pas à ses pulsations. Le supplément d’âme semble venir, cette fois, d’un son, qui continue, certes, de façonner des labyrinthes savants et mélodiques, mais qui voit s’ajouter une tonalité carrément cosmique. Une ambiance d’écoute plus confortable, sans rien perdre dans l’agencement de textures complexes. Adepte et passionnée des synthétiseurs d’hier, d’aujourd’hui (et peut-être bien de demain), Laurel Halo cartographie cette fois un espace presque free-jazz, distille des notes de clavier sur des boucles qu’on croit cérébrales, et transforme le tout en rêverie (afro?) futuriste.
Peut-être simple exercice de style, In Situ pourrait tout aussi bien annoncer une nouvelle direction musicale. Comme une suite logique proposée après l’album d’Afrikan Sciences, on retiendra et conseillera cette ballade stellaire de sa mise à feu jusqu’à sa mise en orbite. Du premier titre «Situation» jusqu’à la dernière piste «Focus I». Emmenant l’auditeur, connaisseur ou néophyte, sur de nouvelles et élégantes voies spatiales.
Et plus si affinités