Allez savoir pourquoi, ce mec me fait penser à Yves Simon … ou Daniel Darc. Même allure, même type de visage, même regard aigu et sombre, même genre de voix, même sensualité à fleur de peau, … d’un romantique à l’autre, la plume demeure affûtée, les mélodies faussement enjouées. Lescop sur son deuxième LP reste dans la veine qu’il affectionne, cette dark pop héritée de Taxi Girl, très eighties dans sa tenue, ses nuances, ses doutes, sa violence contenue … perpétuellement il s’offre, par désœuvrement, par goût du sexe ou du meurtre.
En dix morceaux Echo chante ce dandysme nonchalant et généreusement coupable, un brin provocateur parce qu’il faut bien donner du sens à son existence, que diable, quitte à piller celle des autres. A ce titre « Dérangé » constituerait la pierre angulaire de ce mémoire. Un sorte d’aveu en demi teinte, ce moment où le cœur aux lèvres d’avoir trop bu, on parle à son reflet dans le miroir, en se demandant quand tout va imploser. Ou « Suivie » c’est selon l’humeur du moment, cette réflexion du séducteur, du violeur ou du tueur qui traque la belle biche, consentante à ses yeux malades.
Androgyne, nerveux, acidulé, étrange et perdu, Lescop pourrait par ailleurs chanter l’ennui d’un Dorian Gray, avec par exemple le syncopé « Quelqu’un à qui penser ». Boite à rythme et sonorités synthétiques ne font rien pour rassurer l’auditeur, pris dans la toile d’araignée de ces paroles trompeuses, faites pour séduire et abandonner. Manipulateur ? Lescop le laisserait volontiers croire, à moins qu’il ne demande à l’être par chacune de ses cellules, chaque pore de sa chair.
Ce deuxième opus gagne en synthèse par rapport à son prédécesseur. Plus ramassé, il demeure intense et ambigu tout du long. Demande à être écouté, fouillé, ressenti de l’intérieur. Médité, car c’est un peu de nous qui circule à couvert sous ces paroles délicieusement empoisonnées par le spectre de la solitude et de l’impossible rencontre.
Et plus si affinités