« Qui sommes-nous ? Charlie !!!!! » Voici le cri de révolte et d’indignation sur lequel débute le nouvel album de No One is innocent … suivi d’une mise au point/poing musclée de la part d’un Kemar remonté à bloc, suivi de ses guerriers, Shangsa en tête et le mediator en furie.
Car prétendre être Charlie est une chose, l’être vraiment au quotidien, avec une fatwa au cul et les critiques bon teint des bien pensants de tous bords en bandoulière c’est une autre paire de manches. « No one is innocent » … cela n’a jamais été aussi vrai et le groupe se charge de nous le rappeler à chaque seconde des 11 tracks pamphlétaires de ce cocktail Molotov rock engagé.
Complices, tous. Par nos lâchetés, notre manque de perspective, notre aveuglement, notre laisser aller, … passifs devant le massacre de ceux qui incarnaient la liberté de parole démocratique face à l’obscurantisme religieux le plus rétrograde qu’ils soient « Charlie » ou « Massoud » le lion afghan, passifs devant l’abêtissement de nos gamins pris dans une « Djiad Propaganda », la montée du fascisme et du populisme le plus crasse « Putain si ça revient », le racisme rampant érigé en conservation d’une civilisation qui n’en est plus vraiment une « Un nouveau Scottsboro », la guerre généralisée et distancée comme un jeu vidéo « Drone ».
Pas une seconde de répit, une charge sans pitié, autant de coups de pied au cul, de claques dans nos gueules, une prise de position directe, claire : une fois de plus en 20 ans d’existence, le combo se range du côté de l’humanité. Pas de compromis, marre des tergiversations, il y a des valeurs qu’il ne faut pas bafouer, et on ne peut compter que sur soi pour les faire respecter en criant « NON ». Un truc qu’on a oublié visiblement. En conséquence c’est une déferlante de rappels à l’ordre qui nous submerge et nous rafraîchit la mémoire. Non pas une fessée mais une véritable raclée, où chaque punchline nous strie le cul et l’âme comme un coup de badine.
Et des punchlines vous allez en entendre beaucoup à l’écoute de cet album / électrochoc qui analyse notre actualité avec l’acuité d’un Machiavel. Une surprise ? Les gars de No One nous ont habitué à monter au créneau, les «Barricades » ils en parlent en connaisseurs car ils en ont souvent monté : on se souvient entre autres de la soirée Vote on the rocks destinée à réveiller nos ferveurs républicaines à l’approche des présidentielles. « 20 ans » revient sur ce parcours, cette discipline dans l’ardeur pour ne jamais rien solder de son engagement, de ses principes. La démocratie, c’est comme la mémoire, ça se surveille, ça s’entretient, ça se défend. Comme on le ferait d’un trésor, d’un enfant ; ça se cultive comme un jardin. Et faut croire que depuis quelques temps nous n’avons plus du tout la main verte.
Alors que l’ensemble d’un paysage musical monochrome ronronne de suffisance à l’approche des festivals estivaux en s’éloigant prudemment de tout engagement, No One is Innocent secoue le cocotier, histoire de « faire du bruit dans l’Hexagone » et de ranimer « le feu sacré de nos âmes ». Y a du boulot !!! Tambours de guerre, guitare frénétique et prophétique, … à chaque riff on évoque l’apocalyptique « Holidays in Cambodia » des Dead Kennedys. Propaganda au finish laisse sans voix, hébété, … et singulièrement motivé pour reprendre en mains les rênes de l’attelage social, dont nous sommes le socle et les véritables remparts.
De tout ceci retenez un mot d’ordre, mieux un cri de ralliement : « FAIRE FRONT !!!!! »
Et plus si affinités